Ce sol sur lequel nous vivons, que nous foulons tous les jours, que les agriculteurs travaillent depuis des décennies, ce sol sur lequel nous construisons nos maisons et sur lequel nous faisons pousser les fleurs et les légumes de nos jardins, nous allons le regarder de plus près. Nous allons nous intéresser à un territoire délimité par St Marcel de Careiret, Verfeuil et le hameau du Mas Blanquet. Cela représente un triangle d’environ un millier d’hectares dont St André d’Olérargues est le centre. Quand nous nous promenons dans la campagne, et si nous prêtons attention à ce qui est offert à nos yeux, il est remarquable de constater la grande variété de la nature du sol de la commune.
Si nous faisions une randonnée qui nous mènerait en ligne droite de Verfeuil en passant le ruisseau de Cuègne et le lieu-dit la Liquière jusqu’à Christol en passant par le bourg de St André d’Olérargues nous pourrions découvrir la richesse et la diversité du sol et de la végétation sauvage. Ici des terrains très caillouteux, là du sable et des pins, puis des chênes verts, des argiles, plus loin des terres ferrugineuses avec des châtaigniers et des bruyères, plus loin des chênes verts et blancs avec quelques pins mais plus de châtaignier, etc. Nous pouvons nous demander légitimement pourquoi une telle variété et pourquoi elle est si bien délimitée ?
Nous allons faire cette randonnée, que l’on peut qualifier de virtuelle car d’une part il est très difficile pour ne pas dire impossible d’aller en ligne droite de Verfeuil à Christol à cause de la densité de la végétation et des accidents de terrain qui rendent certains parcours infranchissables ; et d’autre part parce que nous allons la faire en l’imaginant . Ce parcours en partant depuis Verfeuil correspond à une progression dans le temps, nous irons des terrains les plus vieux vers les terrains les plus jeunes. Ainsi plus nous nous approcherons du Mas de Christol et plus nous rajeunirons. C’est une balade qui dure environ 65 millions d’années et qui commence il y a 130 millions d’années !
Elle se déroule à une époque où le temps avait le temps. Les choses se faisaient tranquillement, avec violence quelquefois mais avec du temps. Le temps de cette époque se comptait en millions d’années et aujourd’hui on compte en secondes ! « Laisse-moi deux secondes et j’arrive ! » Aujourd’hui notre référence au temps éloigné est l’ère chrétienne : 2000 ans. L’époque dont je parle existait il y a 130 millions d’années, c’est-à-dire plus de 65 000 fois l’ère chrétienne, alors soyons modestes sur la durée de notre existence..
II. II – UNE PETITE REFLEXION SUR LA NOTION DE TEMPS.
Que penser du temps, pas de celui qu’il fait, mais justement de celui qui passe, du temps que l’on compte alors qu’en réalité il ne compte pas. Du temps que nous n’avons pas, de celui qui nous fait courir. Du temps perdu qui ne se rattrape jamais. De celui que l’on recherche. De celui qui nous empêche de communiquer. Nous n’avons pas le temps. Nous n’avons plus le temps. Il est trop tôt, il est trop tard !
Le temps est la pire des prises de conscience humaine. Pourquoi avons-nous inventé des méthodes pour compter le temps qui passe? Peut-être parce-que : le temps c’est de l’argent et qu’il ne faut pas perdre son temps. Tout ceci est bien dans l’esprit humain.
En y réfléchissant bien, la nature n’a pas besoin du temps. Regardons : l’arbre de notre jardin se soucie-t-il du temps qui passe ? Et l’oiseau qui chante, posé sur la branche de cet arbre, pense-t-il au temps ? L’éphémère qui vient d’éclore de sa chrysalide, qui virevolte, qui aura disparu ce soir, s’il n’a pas été mangé avant par l’oiseau, a-t-il une conscience du temps ? Pendant des milliards d’années depuis l’apparition de l’univers, de la première lumière jusque bien après l’apparition de la vie, le temps passait mais n’existait pas en tant que concept utile. La matière puis la vie ignoraient complètement le temps. Il a fallu, il y a seulement quelques milliers d’années, l’apparition des humains pour que le temps soit devenu une nécessité et règne en maître absolu. Comme les humains, la notion de temps est toute jeune dans l’univers. Pourtant toute la vie dépend du temps. Le temps de faire, le temps de dire, le temps d’aimer, le temps de mourir. De temps en temps. Un temps pour chaque chose. Un temps pour tout. Je prends mon temps mais, hélas, j’ai fait mon temps…
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Avant de commencer notre randonnée il nous faut préciser quelques notions générales de géologie, pour bien comprendre de quoi nous parlons et ce que nous allons rencontrer.
Le lecteur qui ne serait pas intéressé par ces explications préliminaires, peux sauter directement à II.VIII – RANDONNEE GEOLOGIQUE.
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II.III – GENERALITES SUR LA GEOLOGIE.
La géologie est une science complexe et qui peut sembler quelque peu rébarbative, mais elle est intéressante. Je vais m’efforcer d’être simple en restant néanmoins précis. Nous allons parler d’une petite tranche de l’histoire de la terre, comme je l’ai dit ci-dessus, une tranche de 65 millions d’années. L’univers s’est formé il y a 13.7 milliards d’années, alors qu’est-ce que 65 millions d’années ? Ce n’est que 210 fois moins ! Si nous comparons ce temps à notre échelle de 2000 ans de l’ère chrétienne, c’est comme si nous parlions d’une période qui aurait durée 9.5 ans pendant ces 2000 ans !
La formation des roches qui composent les continents
Quand je me promène avec des amis dans la campagne, que je ramasse un fossile, par exemple un coquillage que je montre à mes compagnons de randonnée, immanquablement ils me disent « mais alors il y avait la mer ici ». Bien sûr qu’il y avait la mer ! Toutes les formations des roches calcaires se sont faites par sédimentation dans la mer !
Je vais essayer de faire simple. Au départ, toutes les roches ont une origine magmatique, ce sont les roches en fusion du magma terrestre qui se refroidissent, et qui forment le premier continent au milieu d’un immense océan. C’est la formation d’un socle granitique. Elles sont composées essentiellement de quartz, de mica et d’orthose et de feldspath.
Lorsque nous observons un morceau de granit, nous remarquons des grains translucides, c’est le quartz ; des grains noirs c’est le mica et des grains de nuances rose à blanc ce sont l’orthose et le feldspath.
Lorsque ce type de roche est en contact en surface de la terre, le vent, l’eau, la chaleur, le gel… en un mot, les agents atmosphériques, vont les attaquer et les détruire petit à petit. C’est le phénomène de l’érosion.
Les grains rocheux ainsi arrachés à la roche-mère vont être transportés par le ruissellement de l’eau jusqu’à la mer où ils vont se déposer au fond en couches horizontales.
Près du littoral, dans les courants forts, seuls les galets les plus gros se déposent. Plus loin, le courant faiblit, c’est le sable qui se dépose. Plus loin encore, l’argile se dépose au fond dans les eaux calmes.
A chaque changement du niveau de la mer, se forme une nouvelle strate.
C’est ainsi que se forment les roches sédimentaires. Les quartzs vont se transformer en petits grains de sable tandis que les orthoses et les feldspaths vont devenir des argiles. Pendant ce temps, dans le fond de la mer une vie se développe, les coraux bâtissent des édifices qui finiront par s’écrouler, les coquilles de tous les coquillages morts vont être réduites en poussière et la chaleur va faire précipiter le calcaire contenu dans l’eau formant ainsi les roches sédimentaires : le calcaire et le grès lorsque le calcaire se mêle au sable. Cela a duré des millions d’années.
La période qui nous intéresse a été appelée le Crétacé. Ce mot vient de craie, c’est à cette période que s’est formée, par sédimentation, cette roche, c’est-à-dire par dépôt dans la mer de carbonate de calcium CaCO3 et un peu d’argile.
Pourquoi se limiter à cette période dans notre propos ? Parce que la période précédente et ses couches géologiques plus anciennes, sont enfouies sous le Crétacé et n’affleurent pas la surface dans notre région, et il n’y a pas eu chez nous de formations complémentaires par-dessus ces couches du Crétacé, contrairement à d’autres contrées. Ce qui signifie que le sol que nous foulons tous les jours est le même que celui que foulaient les derniers dinosaures avant de disparaitre. Nous y reviendrons plus loin quand nous parlerons des animaux de cette période.
Ces couches se sont toujours formées par dépôt au fond de l’eau, ce qui veut dire que l’eau a envahi nos régions de façon cyclique. Montée des eaux pendant des milliers d’années, on appelle ce phénomène la transgression, le niveau baisse pendant des milliers d’années on appelle alors ce phénomène la régression. Ces phénomènes se répètent ainsi pendant des millions d’années et les couches de sédiments se déposent. Avant d’entrer dans le détail du Crétacé, il faut expliquer comment ont évolué les continents depuis cette période jusqu’à nos jours. C’est l’origine de ces cycles de transgression et de régression.
La période précédant le Crétacé est appelée le Jurassique et date d’environ 200 millions d’années. La terre immergée était constituée, alors, d’un continent unique appelé La Pangée.
Voici un document issu de l’Université de LAVAL au Québec qui est consultable sur le site internet
http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s4/pangee.auj.html
Le démembrement de la Pangée : du Jurassique à nos jours
Il faudra 200 millions d’années, pour disperser les morceaux de la Pangée, une dispersion qui se poursuit aujourd’hui. Au Jurassique, les principaux mouvements se sont faits du côté de la Téthys, un océan à l’est de la Pangée.
Figure 9
La représentation ci-dessus du planisphère terrestre est une représentation développée, ce qui signifie que la partie extrême droite est en continuité avec la partie extrême gauche. Ce n’est pas une vue du globe avec d’un côté un continent et de l’autre des océans.
La masse continentale initiale est composée de plusieurs plaques juxtaposées ou en chevauchement. La fragmentation de la Pangée a commencé fin-Trias/début-Jurassique, mais c’est vers la fin du Jurassique, il y a 160 Ma, que la fragmentation est devenue plus évidente et qu’elle a commencé à individualiser les masses continentales que nous connaissons aujourd’hui.
Figure 10
Contexte : La Pangée se divise en deux continents : la Laurasie (Laurentia) et le Gondwana. Ces deux continents se disloquent pour former les continents actuels
Figure 11
Ce sont les poussées et les déversements du magma entre les plaques qui les éloignent les unes des autres. Deux ruptures orientées est-ouest sont bien visibles sur la carte fig. 12. Au nord, il y a ouverture d’une mer linéaire qui sépare, d’une part la masse continentale de l’Amérique du Nord et d’autre part, un bloc formé des masses continentales de l’Amérique du Sud et de l’Afrique (coupe ci-dessus). Au sud, l’ouverture se fait en ciseaux, le pivot se situant au niveau de l’actuel Madagascar, créant un embryon de mer linéaire entre d’une part, le bloc Amérique du Sud et Afrique, et d’autre part, un bloc formé des masses continentales rassemblées de l’Antarctique, l’Inde et l’Australie.
Au début du Crétacé, il y a 120 millions d’années, l’ouverture de la mer linéaire au nord s’accentue. C’est l’embryon de l’océan Atlantique. La rupture du sud est consommée. Les deux blocs continentaux sont séparés : c’est l’embryon de l’Océan Indien. Il est à noter que le bloc Antarctique-Inde-Australie commence à se disloquer.
Figure 12
Il y eut un début de rupture entre l’Amérique du Sud et l’Afrique. Une dorsale ouvrit un océan entre le bloc de l’Afrique-Amérique du Sud et le bloc de l’Antarctique-Inde-Australie; une mer linéaire commença à se développer.
Un peu plus tard au Crétacé, soit il y a 80 millions d’années, la séparation entre l’Amérique du Sud et l’Afrique fut définitive; une longue mer linéaire, avec une dorsale médiane, divisait ces deux continents.
Figure 13
Le petit bloc continental qui deviendra l’Inde est détaché des autres masses continentales et est en pleine migration vers le nord. Cette migration va se faire entre deux longues failles transformantes. Au nord, la Téthys continuait à se refermer.
Au début du Tertiaire (Éocène), il y a 40 millions d’années, l’océan Atlantique était véritablement individualisé. L’Inde rejoignit une série de microcontinents qui commencèrent à s’agglomérer. La Téthys se refermait de plus en plus pour former progressivement le système alpin (au sens géologique du terme) en Afrique du Nord, et de l’Europe à l’Iran. C’est ici qu’est née la Méditerranée.
Figure 14
Au Miocène, il y a à peine 10 millions d’années, la configuration des continents et des océans ressemble passablement à ce que nous avons aujourd’hui. L’Inde a embouti tous ces microcontinents et les a comprimés vers la Chine pour former l’Himalaya.
Finalement la poursuite de tous ces mouvements a conduit à la configuration actuelle des continents et des plaques lithosphériques.
II.IV – HISTOIRE DU CRETACE.
La période qui nous intéresse, est divisée en deux époques : le Crétacé inférieur et le Crétacé supérieur.
Ces deux époques sont elles-mêmes subdivisées en plusieurs périodes résumées dans le tableau 01 du § II-VIII : stratigraphie du Gard d’après Th. Picard et E. Dumas
CRÉTACÉ INFÉRIEUR
Cette époque, d’une durée d’environ 30 millions d’années, a été surtout marquée, sur les continents, par le développement des premières plantes à fleurs et à fruits, appelées les angiospermes.
La mer revient à St André d’Olérargues :
Après les fortes régressions marines de la fin du Jurassique, les eaux envahissent progressivement les terres continentales, basses et sans reliefs montagneux ; le Crétacé inférieur est une époque où l’extension des mers a été particulièrement importante.
La France coupée en deux :
Venant du Sud-est, les eaux marines s’étendent progressivement sur le bassin de Paris, puis vers le bassin de Londres où elles font leur jonction avec la mer du Nord, en noyant ainsi l’Europe occidentale en diagonale, dans la France, méconnaissable, où seuls émergent les vieux massifs granitiques qui subsistent encore aujourd’hui la Bretagne, le Massif Central et les Vosges.
Figure 15. Au niveau de la France actuelle.
Figure 16. Au niveau régionale
Etat du niveau marin et du littoral dans notre région au Crétacé inférieur :
L’ouverture des océans se poursuivit au Crétacé. Les fortes régressions (baisse du niveau marin) de la fin du Jurassique s’estompant, des mers peu profondes conquirent à nouveau les aires continentales qui redevinrent très réduites.
Le paysage au Crétacé inférieur :
Dominé par un climat durablement chaud à l’égal de celui qu’avait connu le Jurassique, le Crétacé inférieur n’a été marqué par aucun bouleversement de la vie, si ce n’est l’apparition, d’abord assez discrète, des premières plantes à fleurs et à fruits; les angiospermes qui, en Europe, voient le jour sous les pas des Iguanodons, grands dinosaures végétariens.
Les êtres vivants passèrent du Jurassique au Crétacé inférieur dans un monde sans crise majeure. L’évolution n’était pas figée pour autant : plantes à fleurs et mammifères allaient prendre leur essor.
Changements dans la continuité :
Le climat chaud du Jurassique se prolongea au Crétacé inférieur, cependant que la faune et la flore connurent un renouvellement continu des espèces, si les paysages végétaux restèrent dominés par les ptéridophytes (fougères), les gymnospermes (conifères) et les cycadophytes (plantes ressemblant à des palmiers : cycas), une révolution se prépara discrètement ; l’apparition des premières plantes à fleurs à partir d’une période appelée Barrémien (130 millions d’années).
Figure 17. Vue d’artiste.
Le crétacé inférieur continental, soumis à un climat subtropical humide où les fougères prospéraient entre arbustes et arbres : cycadophytes (cycas), ginkgos(1) et conifères. La faune y était variée : insectes, dinosaures et autres reptiles mammifères primitifs. Au Crétacé inférieur, le continent gondwanien amorça sa dislocation par une suite de fossés d’effondrement appelés « rifts » : les eaux y ruisselèrent en lacs depuis les versants couverts de conifères et de cycadophytes ; crocodiles et dinosaures peuplaient des rives de marécages et de lagunes, la mer australe allait envahir ce rift en cette aube de l’Atlantique Sud. Le Brésil et l’Afrique se séparent pour toujours.
(1) – Le Ginkgo est un arbre de taille moyenne à grande, pouvant atteindre 20 à 35 m. La durée de vie est très importante, celui du jardin botanique de l’Université de Sendai est âgé de 1 250 ans. Le ginkgo est un être vivant potentiellement immortel; il n’a pas de prédateurs naturels, ni de parasites ou maladies. Les seuls facteurs externes défavorables seraient l’homme, les aléas telluriques ou climatiques. C’est la plus ancienne famille d’arbres connue, puisqu’elle serait apparue il y a plus de 270 Ma. Elle existait déjà une quarantaine de millions d’années avant l’apparition des dinosaures.
CRÉTACÉ SUPÉRIEUR
Le crétacé supérieur a duré 65 Ma ; il constitue la dernière période du Mésozoïque. Pendant tout ce temps les événements furent nombreux. Le crétacé supérieur débute il y a 100 Ma par une forte transgression (élévation du niveau des mers) pour s’achever il y a 65 Ma par une forte régression (baisse du niveau des mers), probablement une des plus importantes, puisque le niveau marin mondial a baissé d’environ 300 m, dégageant ainsi de vastes surfaces de terre.
L’Europe sous la mer :
La transgression (montée des eaux) du début du Crétacé supérieur livre une grande partie de l’Europe de l’Ouest au domaine marin, qui reste parsemé en quelques endroits de terres émergées, comme l’Armorique, le Massif central. C’est pendant cette période que se déposent, sous diverses formes, des sédiments crayeux, mais aussi que se forment des récifs coralliens, témoins précieux de conditions écologiques marines chaudes, peu agitées, avec des eaux claires.
L’Europe bientôt à sec :
Au Maestrichtien la régression (descente des eaux) marine démarre, faisant émerger le bassin parisien vers le Nord ; ses connexions avec le Sud sont alors définitivement coupées. Le climat se refroidit fortement et, à cette époque, la calotte glaciaire s’étend.
L’époque des disparitions :
Animaux et végétaux ne pourront pas tous s’adapter à ces bouleversements ; c’est la crise de la fin du Crétacé, qui fera disparaître, entre autres, les ammonites, les bélemnites, tous les grands reptiles marins et leurs parents terrestres, dinosaures et reptiles volants. Si nombre d’hypothèses ont été formulées pour l’expliquer, celle qui invoque la régression marine reste sinon la plus vraisemblable, du moins une raison supplémentaire.
Etat du niveau marin
On remarque sur la carte ci-après, que là où se trouve la France, seuls émergent les vieux massifs granitiques de Bretagne, du Massif Central, des Vosges et des Maures et Estérel en Provence. Tout le reste est plus ou moins sous l’eau suivant les fluctuations du niveau des océans.
Etat du niveau marin dans notre région au Crétacé supérieur :
Figure 18. Au niveau de l’Europe actuelle.
Figure 19. Au niveau régionale
Evolution du niveau de la mer au Crétacé
L’évolution du niveau de la mer (c’est à dire de l’altitude de la ligne de rivage), exprimée en + ou – par rapport au niveau moyen actuel des mers. (Inspiré de Dercourt et Paquet, 1999)
Le niveau marin augmente en moyenne de 300 m au cours du Crétacé
Figure 20
Comment expliquer ce phénomène ?
De nombreux indices permettent de penser que le climat au crétacé était beaucoup plus chaud qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas de calottes glaciaires polaires.
Le volume V actuel des glaces est estimé à 43.4 millions de km3
La surface S des océans est de 350 millions de km2
La fonte totale des glaciers correspondrait à une montée du niveau marin de : V / S = 125 m
On constate qu’à chaque extinction de masse, les fossiles révèlent un changement climatique important et/ou une dérive des continents très marquée. A la fin du Crétacé, une dérive spectaculaire des continents s’est effectuée. On sait que ces dérives provoquent des tremblements de terre avec tsunamis ravageurs, des éruptions volcaniques, un changement du climat et un changement du niveau des océans.
On assiste, dans ce cas précis, à une montée particulièrement importante du niveau des mers.
Imaginez la Terre aujourd’hui avec un niveau des mers de plus de 200 m par rapport au niveau actuel.
Tout réchauffement du climat entraîne une fonte des calottes glaciaires. C’est ce qui se passe d’ailleurs actuellement, dans une moindre mesure. Quand le niveau des mers monte, des terres entières se retrouvent submergées.
Tous les tremblements de terre et les éruptions volcaniques sont dus à la dérive des continents.
Cette dérive est lente mais continuelle. Elle provoque également un changement mondial du climat.
Le paysage au Crétacé supérieur :
Une sorte d’Eden que cette flore où se mêlent des végétaux venus des temps les plus anciens et de nouvelles plantes arborant fleurs et fruits comme des trophées, preuves du progrès évolutif que ces angiospermes viennent d’accomplir ! Ce paysage radieux masque cependant une sourde lutte pour la prédominance que ces dernières vont remporter.
A partir du Cénomanien, la présence sur tous les continents des plantes à fleurs et à fruits marque un changement spectaculaire de la flore.
Des fleurs dans le paysage :
Au Crétacé supérieur, la végétation change d’aspect: l’ancienne flore à ptéridophyte (fougères, mousses, prêles) et à gymnospermes (conifères), typique du Jurassique et du Crétacé inférieur, est progressivement remplacée par une végétation où dominent les angiospermes (plantes à fleurs et à fruits) ; les paysages s’enrichissent de nouvelles plantes et s’ornent d’arbres fleuris, comme les magnolias.
Figure 21. Vue d’artiste.
A la suite de l’inexorable poussée des angiospermes, de nombreux groupes de végétaux anciens disparurent ou régressèrent : bennettites(1), cycadophytes(2), filicophytes(3), conifères.
Dans le paysage du Crétacé supérieur se constituèrent des bastions, des niches écologiques où les mieux adaptés se réfugièrent pour certains jusqu’à nos jours : ainsi les îlots reliques de cycas et de dicksonia(4), les tapis de fougères, les forêts de ginkgos, d’araucarias(5) et de séquoias.
Un changement radical de climat :
A la fin du Crétacé, un fort refroidissement a rechargé en glace les calottes polaires, et le niveau des océans s’est abaissé d’environ 200 m ; cette forte régression a augmenté la surface des terres émergées, sur lesquelles s’est installé un climat de type continental aux fortes variations quotidiennes et saisonnières ; ces conditions entraînèrent un appauvrissement de la flore, en même temps que disparurent les dinosaures.
(1)-Bennettite : les Bennettitales sont un groupe de plantes uniquement fossiles, ayant vécu du Trias au Crétacé. L’appareil reproducteur est celui d’une gymnosperme, mais la structure ressemble à la fleur de Magnolia, avec une probable pollinisation par les insectes. L’ovule reste « nu ». C’est un groupe proche des Cycas.
(2)-Cycadophyte : Famille des cycas.
(3)-Filicophyte : Famille des fougères.
(4)-Dicksonia est une fougère arborescente existant encore en Nouvelle-Galles du Sud, en Tasmanie et au Victoria en Australie, pouvant atteindre 15 m de haut. On trouve ce rescapé du Crétacée, sous nos latitudes, à la vente dans les serres des jardineries.
(5)-Araucarias : le genre doit son nom à la région d’Araucanie au Chili dont deux espèces du genre ont survécu. Ce sont des arbres voisins des pin
II.V – FIN DU CRETACE.
Source 1. Alvarez LW, Alvarez W, Asaro F, Michel HV, « Extraterrestrial cause for the Cretaceous Tertiary extinction », dans Science, vol. 208, no 4448, 1980, p. 1095–1108
Source 2: Smit, J. 1999, The global stratigraphy of the Cretaceous-Tertiary boundary impact ejecta, Annu. Rev. Earth Planet. Sci, 27, p. 75-113. doi:10.1146/annurev.earth.27.1.75
L’extinction Crétacé-Tertiaire est appelée extinction K-T (de l’allemand Kreide-Tertiär) et marque la fin du Crétacé . C’est une extinction massive et à grande échelle d’espèces animales et végétales qui s’est produite il y a 65,5 Ma environ, dans une courte période de temps à l’échelle géologique. Elle est associée à une signature géologique connue sous le nom de limite K-T, habituellement une couche mince d’argile présentant un taux anormal d’iridium que l’on retrouve dans diverses régions du monde.
La plupart des fossiles de dinosaures non-aviaires (relatif aux oiseaux) se trouvent au-dessous de la limite du K-T, les paléontologues estiment majoritairement que les DINOSAURES non aviaires se sont éteints juste avant, ou pendant l’événement. Les dinosaures et de nombreuses espèces de plantes et d’invertébrés se sont également éteints. Les classes de mammifères et d’oiseaux ont survécu avec peu d’extinctions. Mais que s’est-il passé ?
IMPACT METEORITIQUE
Les théories scientifiques expliquent les extinctions de K-T par un ou plusieurs événements catastrophiques, tels que des impacts massifs d’astéroïdes, ayant entrainé une activité volcanique accrue. La datation de plusieurs cratères d’impact (comme l’impact de Chicxulub dans l’actuel golfe du Mexique) et d’une activité volcanique massive, coïncide avec la période approximative de l’événement d’extinction.
En mars 2010, un groupe de 41 scientifiques se sont accordés dans la revue Science sur le fait que la chute de l’astéroïde à l’origine du cratère de Chicxulub au Mexique avait été l’événement déclencheur de l’extinction du Crétacé-Paléogène.
Figure 22
Légende de la figure 22 : En rouge : position de ce qui sera la France.
Les tectites (tektites) et les crystites (krystites) sont des fragments de roches fondues et expulsées en dehors du cratère lors de l’impact d’une météorite. Ils sont représentés par les cercles noirs et blancs.
Les croix représentent la présence anormale d’iridium, comme nous en reparlerons plus loin dans le texte.
Le cercle avec l’étoile représente le point d’impact de la météorite, il y a 65 millions d’années.
Sur cette carte, la position des continents à l’époque de la limite K-T (65 Ma) est respectée.
Les cercles concentriques matérialisent les régions situées à 2 500, 4 000 et 7 000 km de distance par rapport au cratère de Chicxulub.
Les nombres indiquent les numéros de sites ODP/DSDP IODP (Integrated Ocean drilling Program), et un programme de recherche international, qui explore l’histoire et la structure de la Terre enregistrées dans les roches et les sédiments du plancher océanique. C’est par la réalisation de forages océaniques que le programme permet aux scientifiques d’étudier les changements climatiques, la biodiversité, la géophysique et la géodynamique du globe.
En Haïti et dans le golfe du Mexique, de l’Alabama jusqu’au Guatemala, la limite K-T est soulignée par des formations gréseuses (2 à 3 m d’épaisseur) reposant sur des niveaux contenant des tectites (ce sont des fragments de roches fondues et expulsées en dehors du cratère lors de l’impact d’une météorite) et des minéraux choqués. Les analyses sédimentaires montrent que ces dépôts se sont mis en place en quelques jours, sous des courants marins puissants changeant de direction. Ces dépôts témoignent d’un raz-de-marée (ou tsunami). Au-dessus de ces sables, se sont déposées des argiles enrichies en Iridium, témoignant d’une baisse du niveau d’énergie du milieu.
La théorie
Dans les années 1980, il a été remarqué que, dans certaines couches géologiques, il y avait une fine strate noire de quelques centimètres d’épaisseur entre les strates du Crétacé et du Tertiaire : la limite Crétacé-Tertiaire, la limite CT ou la limite KT. Cette limite géologique, visible en certains points du globe, présente un taux anormal d’iridium. Celui-ci est rare sur Terre, mais est plus abondant dans certaines météorites. On a alors théorisé la chute d’une météorite à cette période.
Quelques années plus tard, on a découvert le cratère de Chicxulub, au Mexique.
Effet de la météorite
Quand l’astéroïde s’est désintégré lors du choc, des morceaux de croûte terrestre, de la vapeur d’eau et des aérosols sulfatés ont été projetés dans l’atmosphère.
Formant un gigantesque panache de débris, une immense colonne de cendre et de cristaux de quartz, lesquels se trouvaient à dix kilomètres sous terre quelques instants auparavant, s’éleva de plus en plus vite dans l’atmosphère. Ce panache enfla jusqu’à atteindre un diamètre de 100 à 200 km, parvint dans la haute atmosphère, puis enveloppa la planète entière. Les particules qu’il véhiculait commencèrent à retomber sur Terre avec l’énergie qu’elles avaient acquise lors de leur éjection. Traversant l’atmosphère à des vitesses comprises entre 7 000 et 40 000 km/h, elles illuminèrent le ciel, telles des milliards d’étoiles filantes puis portèrent rapidement de vastes zones de l’atmosphère à des centaines de degrés.
Elles se sont ensuite progressivement accumulées sur le sol, formant la couche de cendres observée aujourd’hui. La combustion des matériaux du panache a enflammé la végétation sur une énorme surface du globe. L’onde de choc ainsi créée aurait fait tout le tour de la planète en quelques heures. Tout cela a contribué à plonger la planète entière dans l’obscurité pendant plusieurs années à la manière d’un hiver nucléaire.
En l’absence de lumière solaire en quantité suffisante, la photosynthèse s’est interrompue. Les végétaux ont très vite dépéri, suivis de près par les herbivores qui entraînèrent les carnivores dans leur déclin.
Simultanément, une grande activité volcanique semble s’être réveillée, peut-être à cause de fissurations du manteau terrestre sous l’impact. On estime que de grandes quantités d’oxyde de soufre s’échappèrent, transformées par les pluies en acide sulfurique qui tua lui-même une grande partie de la faune marine.
LES FAITS
Il existe un certain nombre de faits à l’appui de cette théorie :
Extinction massive
Tous règnes confondus, près de six à huit espèces sur dix disparurent, dont les grands sauriens tels les dinosaures (à l’exception des oiseaux). Les insectes ont en revanche bien résisté.
La quasi-totalité du plancton marin, maillon clef de la chaîne animale et alimentaire, disparut également.
Il semble qu’aucun animal d’une masse supérieure à 20-25 kg n’ait survécu à l’exception des crocodiliens.
Présence de l’iridium
La météorite a révélé sa signature par une concentration anormalement élevée d’iridium dans les strates géologiques datant de la limite Crétacé-tertiaire (c’est-à-dire à la frontière entre ère secondaire et tertiaire, qu’elle aurait donc causée). Ce métal appartenant au groupe du platine, rare à la surface de la terre parce que lourd, est plus abondant dans les météorites, moins toutefois que le nickel et le fer. On a trouvé de l’iridium en quantité anormale dans une dizaine de sites marins et terrestres de la fin du Crétacé, répartis sur toute la surface du globe.
Après la grande crise de la fin du Crétacé, qui fit disparaître les derniers dinosaures sur les continents et provoqua, dans les mers, l’extinction des célèbres ammonites, des bélemnites et de quantité d’autres groupes d’animaux, s’est ouverte, alors, l’ère Cénozoïque qui recouvre les temps tertiaires et quaternaires, et qui dure depuis 65 Ma depuis l’extinction des derniers dinosaures ! C’est l’ère des grands mammifères. C’est aussi, dans les mers, l’ère des coquillages et, sur les continents, l’ère des angiospermes (plantes à fleurs et à fruits) qui deviennent largement dominantes par rapport à toutes les autres classes de végétaux.
LE VOLCANISME
Conséquence du volcanisme
Les éruptions volcaniques majeures ont un impact reconnu sur le climat. Citons, par exemple, «l’année sans été» qui suivit l’éruption du mont Tambora (Indonésie) en 1815 . Plus généralement, une activité volcanique intense tend à réduire la luminosité de l’atmosphère (effet des poussières et des aérosols sur la rétrodiffusion de la lumière au niveau de la stratosphère) ce qui conduit à un refroidissement global suivi d’un réchauffement par effet de serre lié à l’important dégagement de CO2.
Or, on assiste à la fin du Crétacé à la mise en place au niveau du continent indien d’un plateau basaltique appelé trapp d’une épaisseur moyenne de 2 400 m, sur une surface comparable à celle de la France ! L’âge radiométrique des laves correspond à celui de la limite C-T. En outre, les données du paléomagnétisme montrent que quasiment l’ensemble du plateau basaltique s’est édifié pendant une inversion magnétique des pôles, ce qui correspond à une durée étonnamment courte de 600 000 ans (Figure 23). L’effet sur la biosphère d’un tel volcanisme à la limite C-T est nécessairement considérable.
AUTRES PHENOMENES AGGRAVANTS A LA MEME PERIODE
Inversion des pôles :
Il arrive qu’une perturbation se produise dans le noyau terrestre. Le champ magnétique s’affole alors pendant une courte période (de 1000 à 10 000 ans) pendant laquelle les pôles magnétiques se déplacent rapidement sur toute la surface du globe.
À la fin de cette période de transition, soit les pôles magnétiques reprennent leurs positions initiales, soit ils s’inversent.
Certains scientifiques pensent que les inversions géomagnétiques sont déclenchées par des événements qui perturbent le flux du noyau de la Terre. Ces événements pourraient être d’origine externe, comme un impact cosmique. Ou internes, comme l’arrivée de dalles continentales charriées dans le manteau par l’action de la tectonique des plaques.
Il y a eu une inversion des pôles à la fin du Crétacé.
Ci-après une simulation sur ordinateur de la NASA montrant l’état des perturbations magnétiques entre deux inversions et pendant une inversion. Les tubes représentent des lignes de champ magnétique, bleues quand elles vont en direction du centre et jaunes lorsqu’elles s’en éloignent. L’axe de rotation de la Terre est centré et vertical. Les amas denses de lignes sont dans le noyau terrestre.
Figure 23.
Au cours de cette transition, l’intensité du champ magnétique est très faible et la surface de la planète peut être exposée à des radiations et bombardements cosmiques. Le champ terrestre s’est inversé environ 300 fois ces derniers 200 millions d’années Plusieurs événements pourraient se produire lors de « bombardements cosmiques » de longue durée :
- création d’espèces nouvelles par mutation à partir d’espèces existantes, ces dernières ne s’éteignant pas obligatoirement, et pouvant peut-être même se reproduire, durablement ou non, avec les nouvelles ;
- extinction massive de certaines espèces, bien que ce type d’anéantissement puisse également être dû à d’autres phénomènes naturels (telluriques, météorologiques, météoritiques, etc.
Régression du niveau marin
Il a été constaté dans le bassin de Paris notamment. Les traces d’une régression marine ont été relevées. Plus généralement, les changements de paléogéographie en Amérique du Nord et en Europe qui s’observent à la fin de Crétacé montrent l’importance de la régression du niveau marin.
Un refroidissement global
Les études de paléoclimatologie ont montré qu’un climat globalement froid s’était installé juste avant la limite K-T. De telles mesures effectuées sur des sites pyrénéens suggèrent également que les conditions climatiques étaient alors favorables à l’installation d’une calotte glaciaire.
CONCLUSIONS
Une synthèse raisonnable des diverses données accumulées sur les événements exceptionnels de la limite Crétacé/Tertiaire consiste à proposer que la crise biologique majeure serait le résultat de la superposition de plusieurs événements néfastes, contribuant plus ou moins fortement à la disparition de nombre de groupes animaux et végétaux.
II.VI – DES BOULEVERSEMENTS GEOLOGIQUES
A partir de ce moment et jusqu’à nos jours, la mer ne reviendra plus à St André d’Olérargues.
Le Crétacé faisait partie d’une période appelée le Mésozoïque. A la fin du Crétacé on entre dans l’ère du Cénozoïque. Cette ère Cénozoïque signifie « nouvelle vie » et provient du grec kainos, nouveau, et zoe, vie.
Les continents continuent à dériver jusqu’à occuper leurs emplacements actuels. La séparation du Gondwana se poursuit : l’Australie et la Nouvelle-Guinée se déplacent vers le nord, l’Antarctique vient se placer au pôle sud, l’océan Atlantique s’élargit. Plus récemment, l’Amérique du Sud se rattache à l’Amérique du Nord.
Le Cénozoïque, sur le long terme, est une période de refroidissement global. Après la création du passage entre l’extrémité sud de l’Amérique du Sud (Terre de Feu) et l’Antarctique, appelé « passage de Drake » et le détachement de l’Australie de l’Antarctique durant l’Oligocène (-33 à -23 millions d’années), le climat se refroidit sensiblement, le courant circumpolaire antarctique se met en place qui apporte les eaux froides profondes de l’Antarctique en surface. Des conditions plus chaudes prévalent durant le Miocène (-23 à -5 millions d’années). Quand l’Amérique du Sud est rattachée à l’Amérique du Nord par l’Isthme de Panama, l’Arctique est refroidi par le renforcement du courant de Humboldt dans le Pacifique (courant froid longeant les côtes du Chili et du Pérou) et du Gulf Stream (courant chaud de la Floride au Groenland via les côtes européennes) dans l’Atlantique Nord.
Depuis 60 millions d’années et jusqu’à ce jour la mer n’est plus revenue sur les terres de St André d’Olérargues.
Mais qui peut préjuger de l’avenir …Patience …
II.VII – ET APRES CES BOULEVERSEMENTS GEOLOGIQUES LE MODELAGE DES TERRES ACTUELLES
D’une part la variation du niveau moyen des mers par rapport aux niveaux des continents supposés stables, appelé « eustatisme » et d’autre part la lente dérive des continents engendrant une activité tectonique importante et brutale, ont profondément perturbé l’ordre des dépôts sédimentaires. Les plaques tectoniques ont basculé et se sont chevauchées par endroit, créant les massifs des Pyrénées puis des Alpes.
De plus, comme nous l’avons vu dans le chapitre sur la fin du Crétacé, les bouleversements furent nombreux, notamment l’importante activité volcanique. Quand on voit aujourd’hui les dégâts que peuvent provoquer raz-de-marée et tsunami, on imagine très bien quels ont pu être ces bouleversements.
Figure 24.
Pour bien comprendre la complexité de l’étude géologique voici un autre exemple de coupe de terrain de la région de Besançon dans le Jura.
Figure 25.
La même coupe avec placement de la faille et interprétation du mouvement des couches.
Figure 26.
Ces strates (couches de roche) lors de leurs formations étaient horizontales, et correspondaient à des dépôts successifs marins ou lacustres.
Puis ces dépôts bien réguliers et horizontaux, ont été brassés, mélangés et inclinés par des phénomènes de bouleversements géologiques.
On comprend à la lecture de ces dessins la complexité et la difficulté des géologues pour reconstituer et identifier des couches sédimentaires sur le terrain.
Il me fallait passer par toutes ces explications préliminaires pour bien comprendre les paragraphes qui suivent.
II.VIII – RANDONNEE GEOLOGIQUE.
Ci-après la carte géologique de la région qui va nous servir de repère et le tableau de la stratigraphie du Gard d’après Th. Picard et E. Dumas
Figure 27.
Légende de la figure 27
– Le trait rouge représente notre itinéraire virtuel.
– L’étoile est notre point d’observation.
– La signification des indications dans les rectangles blancs est reprise dans le tableau.
– RC = Formations résiduelles et colluviales des plateaux (Quaternaire)
– CF = Colluvions de fond de vallon et/ou alluvions indifférenciés
– Une colluvion est un dépôt meuble sur un versant, mis en place par gravité. On peut aussi l’appeler « dépôt de pente ». Le terme s’emploie presque toujours au pluriel. Les colluvions reflètent la lithologie (l’histoire des roches) du haut du versant.
Tableau 1
OBSERVATIONS GENERALES
Un coup d’œil panoramique
Nous allons nous positionner sur le chemin de crête qui domine la vallée de St André d’Olérargues et celle de Verfeuil approximativement au niveau de l’étoile sur la carte. Ce chemin est orienté Nord/Sud. Devant nous le Nord et l’effondrement créant la plaine de St André de Roques Pertuis où s’est installé le lit de la Cèze, à gauche l’Ouest et la large vallée de l’Avègue, à droite l’Est et dans le fond l’étroite vallée du ruisseau de Cuègne.
Nous remarquons, qu’à ce point d’observation, les couches géologiques sont sensiblement orientées Nord/Sud et parallèles. Plus au nord, elles s’incurvent vers l’Ouest et s’élargissent, tandis qu’au Sud, si elles s’incurvent aussi vers l’Ouest, elles se resserrent puis s’incurvent à l’Est pour former un S à l’envers.
Nous voyons dans le tableau que les différentes strates ont été divisées en différents «Etages» et chaque Etage a été lui-même divisé en «sous-étage». Ainsi au début du Crétacé supérieur l’étage «Cénomanien» est divisé en trois sous-étages «Vraconien, Rotomagien et Tavien».
Pourquoi cette division ?
Chaque étage correspond à une période et à un même type de sédimentation avec des familles de fossiles identiques. Chaque sous-étage correspond à une composition différente de sédimentation avec des fossiles de même famille mais différenciés.
Nous constatons aussi en regardant la signification des notations dans le tableau que les plus vieux étages de stratification sont à gauche côté Ouest. Plus on se déplace vers la droite côté Est et plus ces couches sont jeunes. Ainsi entre le n4 (étage Urgonien, s/étage Barrémien) et le c4 (étage Sénonien, s/étage Coniacien) il s’est écoulé environ 60 Millions d’années !
Ainsi depuis ce point d’observation, quand on regarde les collines au-dessus de Verfeuil à gauche et la colline de Sabran à droite on observe une durée de 60 millions d’années, sachant que la formation de gauche est la plus ancienne avec environ 130 Millions d’années ! Respect !
N’oublions pas non plus, que les couches sont superposées presque parallèles mais pas horizontale. Sous les couches plus récentes sont enfouies et empilées les couches plus anciennes. Ces couches sont décalées les unes par rapport aux autres, comme un jeu de cartes dont les lames seraient décalées.
Lorsqu’on se promène sur les chenins ou en bordure des champs, on rencontre souvent des affleurements rocheux, de grandes dalles lisses. Il faut alors remarquer que ces dalles sont souvent, pour ne pas dire toujours, inclinées et cette inclinaison est orientés Est/Sud-Est. Les strates sont inclinées et présentent une face suivant cette orientation.
Si on fait une coupe de terrain suivant l’axe Est/Ouest on obtient la stratigraphie suivante.
Ouest _____________________________________________________________________________________________________Est
Figure 28. Dessin de l’auteur
DETAIL DE CES DIFFERENTES COUCHES SEDIMENTAIRES
L’étage n4. URGONIEN/sous-étage Barrémien, sur les hauteurs de Verfeuil. (-130 millions d’années) Cet étage doit son nom à la ville d’Orgon (13) et le sous-étage à la ville de Barrème (04)
Quelques généralités sur les Garrigues.
La zone des garrigues s’étend de la faille des Cévennes à celle de Nîmes.
C’est une vaste zone de collines et de plateaux calcaires de faciès URGONIEN, plus ou moins fortement karstifiés (présence de grottes et d’avens), dont l’altitude moyenne est comprise entre 200 et 300 m, alternant avec des bassins marneux ou alluviaux généralement entre 50 et 150 m d’altitude.
La végétation y est caractéristique, à base de chêne vert et de chêne pubescent, parfois réduite à l’état de broussailles de chêne Kermès, de thym, de romarin, etc. Les marnes du crétacé inférieur sont à l’origine des zones basses (dépressions) cultivées et montrent souvent des talus spectaculairement ravinés.
Les garrigues correspondent en fait à une large zone affectée par une série d’ondulations, peu marquées, liées aux compressions pyrénéo-provençales. Dans la région d’Alès le Mont Bouquet, grand bloc d’Urgonien basculé vers le fossé d’Alès, fait exception et culmine à 629 mètres d’altitude.
Les collines au-dessus de Verfeuil sont constituées d’un calcaire compact, généralement blanc, ou blanc jaunâtre, passant assez souvent à un calcaire d’un blanc éblouissant d’une consistance tendre et crayeuse. Cette variété de calcaire, en général d’une pâte très homogène est l’objet de plusieurs exploitations importantes comme pierre de taille, et « de concassé » de remblais de routes et chemins.
Ce calcaire blanc coquillier est très riche en carbonate de calcium (CO3Ca) 99,9%. Il est utilisé aussi bien en verrerie (c’est lui qui donne sa couleur verte très particulière aux bouteilles de Perrier), que comme charge dans les médicaments et les dentifrices ou dans l’alimentation animale. L’épaisseur totale de cet étage est estimée à environ 80 mètres.
Les habitants marins fossiles de cette époque
Les calcaires de ce groupe ne présentent jamais de coquilles de la haute mer. Ils sont surtout caractérisés par un genre fossile remarquable, sous le nom de Requienites ou Requienia.
Les fossiles sont très nombreux, mais il est rare qu’on puisse les retirer de la roche en bon état de conservation tant ils sont intimement mêlés à celle-ci.
Figure 29. La coquille ci-dessus, bien que dominante dans ce groupe, n’est pas la seule qu’on y rencontre il y a aussi des Gastéropodes comme Nerinea gigante à la figure suivante.
Figure 30. Ou encore des Brachiopodes comme Rynchonella Renauxiana, Caprotina Lonsdalii, Caprotina trilobata,
Figure 31.
L’étage. APTIEN/sous étage Bédoulien n5, route du Mas Mouton, dans la montée face à l’ancienne cave coopérative (-125 millions d’années) et sous étage Gargasien n6 c’est la grande crête qui surplombe la rive droite de l’Avègue et qui redescend jusqu’au ruisseau de Cuègne, là on se trouve Montèze (-120 millions d’années).
Cet étage doit son nom à la ville d’Apt dans le Vaucluse.
La région strato-typique de l’Aptien se situe dans le Sud-est de la France. L’Aptien y est localement divisé en 3 sous-étages appelés (du plus ancien au plus récent) : Bédoulien, Gargasien, Clansayésien. Leurs noms proviennent des villages de la Bédoule, Gargas et Clansayes. Dans notre région le Clansayésien n’est pas différencié du Gargasien.
Le sous étage Bédoulien
A ce niveau le calcaire est blanc, crayeux, offrant une grande analogie avec certains calcaires du groupe Corallien.
Cet étage ne recouvre pas partout ceux que nous venons de décrire, soit qu’il ait disparu par l’effet des dénudations, soit qu’il n’ait pas été déposé partout. On est là, à la limite du niveau haut marin de cette époque.
Le sous étage Gargasien
Voir l’éboulis au dessus de la manade du Joncas.
Cet étage est composé de plusieurs strates. Au plus profond un calcaire grisâtre ou jaunâtre marno-gréseux, en bancs irréguliers avec lits de marnes bleues.
Par-dessus une marne argilo-sableuse, bleu foncé, coupée par des strates de calcaire marno-sableux, formant trois zones de la plus récente à la plus ancienne :
– Zone C. Marnes bleues à Belemnites semicanaliculatus : ce sont des rostres de céphalopodes (semblables aux os de seiche).
– Zone B. Calcaire à Discoïdea decorata : ce sont des échinodermes c’est-à-dire des oursins.
– Zone A. Sable vert à Belemnites semicanaliculatus.
Les habitants marins fossiles de cette époque
L’étage n7. ALBIEN/sous étage Gaultien, c’est toute la rive gauche du ruisseau de Cuègne, puis le chemin qui va de Berben aux Combes (-112 millions d’années).
Etage Albien. Le nom d’Albien vient d’Alba (Aube, rivière). La formation de Gault résulte de la montée du niveau marin qui a succédé à l’érosion du sable.
La formation générale de Gault comprend l’argile de Gault et le sable aggloméré, vert grisâtre supérieur. Ces deux horizons présentent différents faciès, la couche sableuse ayant probablement sédimenté près du rivage tandis que l’argile se déposait en eaux calmes un peu plus au large. Dans notre région, seules sont présentes les couches sableuse. On estime que ces couches sont des dépôts lagunaires, c’est-à-dire des bras de mer calmes.
L’Albien se subdivise, dans le Gard, en trois assises principales, désigné, sous le nom de Gault du nom d’un lieu dit près de Folkstone en Grande Bretagne.
– Gault inférieur à Discoidea et Orbitolina, Calcaire jaunâtre gréseux à lumachelle(1) d’oursins.
– Gault moyen à Hoplites auritus, sable verdâtre glauconieux et strates de grès tendre. Fossiles phosphatés. Epaisseur de la couche 0m50 à 2 mètres. Ce sous-étage n’est pas présent partout.
– Gault supérieur sans fossile. C’est l’étage le plus important et le plus présent sur la commune.
Les habitants marins fossiles de cette époque
L’étage c2. PAULETIEN/sous-étage c2a niveau à lignite et sous-étage Gardonien c2b niveau à Ostracées. C’est toute la crête qui va des Aupias jusqu’aux mas Cellier, Vaquiers, l’Abeilland, la Cadinière et Mongran (-95 millions d’années environ).
Le Pauletien. Pour cet étage charbonneux lacustre il a été créé le nom de Pauletien, qui est dérivé du nom de la localité de St Paulet. Cet étage est rattaché par certains auteurs au Cénomanien, je préfère désigner cet étage d’une façon spécifique sous le nom de Pauletien, tant il est particulier au Gard. Il est composé en grande partie de marnes noirâtres, bitumineuses, renfermant du lignite en plus ou moins grande quantité ; il contient aussi des couches de grès, de sables et de calcaires, dont la pâte est essentiellement lacustre. Ces calcaires, en général très durs à la surface du sol, deviennent marneux et très bitumineux au contact des couches de lignite. Ils contiennent à la fois des coquilles marines et fluviatiles : ces dernières s’y rencontrent en bien plus grande quantité.
Cet étage est malheureusement recouvert partiellement par endroit, sur la commune, d’une couche plus ou moins épaisse de résidus de colluvion venant de l’érosion des étages supérieurs et datant du quaternaire.
Sous-étage c2a niveau à lignite. C’est ici que furent ouvertes les premières exploitations de combustible, ainsi que nous le verrons dans le Chapitre V de ce site, où nous parlerons plus en détail des concessions de lignite de St André d’Olérargues et de St Marcel de Careiret.
Le lignite qu’on extrait des filons de l’étage Pauletien est d’une couleur assez foncée, d’un éclat presque toujours mat ; il est très friable et se fleurit à peine sorti à l’air.
Ce n’est que rarement que l’on reconnaît les traces de son organisation végétale.
Le nombre des couches de lignite, dans l’assise que nous décrivons, est très variable d’un point à un autre. On en trouve la trace, dans les coupes de terrain pratiquées par exemple aux Fabrègues, à la Fumade ou encore à la Cadinière.
De l’uranium à St André d’Olérargues !
Pas de panique !
C’est un métal lourd radioactif, émetteur de rayonnement alpha, c’est important. Sa faible radioactivité, additionnée à celle de ses descendants dans sa chaîne de désintégration, génère une puissance de 0,1 Watt par tonne, ce qui en fait, avec le thorium (quatre fois plus abondant, mais trois fois moins radioactif), la principale source de chaleur qui tend à maintenir les hautes températures du manteau terrestre, en ralentissant de beaucoup son refroidissement.
Pourquoi dis-je que c’est important qu’il soit seulement émetteur alpha ?
Parce-ce que l’on sait que les rayons alphas sont facilement arrêtés par exemple par une feuille de papier, un tissu, un peu de terre et que ce rayonnement ne parcourt que quelques centimètres dans l’air. Il ne faut pas les ingérer !
Pourquoi dis-je « de l’uranium à St André ? »
En septembre 2008, l’IRSN, AREVA et les DDASS ont initié une étude dont l’objectif principal était l’origine des concentrations élevées en uranium, observées dans les eaux de nappe autour du site nucléaire du Tricastin. Afin d’obtenir une valeur des concentrations d’uranium naturel et de la comparer aux valeurs prélevées sur le site étudié, un certain nombre de prélèvements sur des zones géologiques comparables ont été effectués. Cela a été le cas à St André d’Olérargues.
Un rapport de IRSN (Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire) dont le titre est : « Etude sur l’origine du marquage par l’uranium dans la nappe alluviale de la plaine du Tricastin », portant le N°DEI/2010-004 est accessible sur le site :
http://www.ladrome.fr/uploads/media/Etude_marquage_uranium_Tricastinv2.pdf
Dans les notes et les tableaux ci-après les prélèvements sur la commune se nomment SAO_1 et SAO_2. Que dit ce rapport ?
Je cite quelques passages qui nous concernent :
« Fig. 49. Localisation des formations géologiques potentiellement riches en uranium.
3.1.3.1 Prélèvements dans des formations analogues La recherche de formations analogues a conduit à la réalisation de prélèvements sur les communes de Saint-Just dans les marnes bleues du Pliocène (échantillon SJ_01), Saint André D’Olérargues pour les lignites du Cénomanien (SAO_01 et SAO_02) et Mondragon dans les grès (MOND_02) et lignites du Turonien (MOND_01). La localisation des points de prélèvements est visible sur la Figure 49 et les photos des lieux de prélèvement sont reprises dans l’Annexe 7.
Les analyses par dissolution (norme NF ISO 1146613) des échantillons solides ont permis de déterminer les teneurs en uranium des différentes roches. Les résultats sont présentés dans le Tableau 2 et comparés à titre indicatif à des valeurs obtenues par fluorescence X in situ (XRF) lors des prélèvements réalisés par AREVA (Tableau 3).
Tableau 2 : Résultats des analyses par ICP-MS des teneurs en uranium après dissolution des échantillons Solides
Tableau 3 : Résultats des mesures XRF in situ réalisées par AREVA
Il ressort de ces analyses que les plus fortes concentrations d’uranium sont observées dans les échantillons de lignites du Cénomanien. Cependant, il existe une forte variabilité des teneurs suivant les échantillons considérés. Ainsi, pour des prélèvements distants de 20 mètres (SAO-01 et SAO-02), les teneurs varient de 77 mg/kg à 227 mg/kg et jusqu’à 356 mg/kg pour l’échantillon prélevé par AREVA sur le même affleurement. Pour ce qui concerne les autres formations, les teneurs en uranium sont proches du bruit de fond géochimique (1 à 4 mg/kg). 3.1.5 SYNTHESE SUR L’HYPOTHESE GEOLOGIQUE
L’examen des formations géologiques locales indique que plusieurs couches de roches présentent des teneurs naturelles en uranium relativement élevées. En particulier, il existe régionalement des niveaux géologiques contenant des lignites qui présentent des teneurs en uranium relativement importantes. C’est le cas des lignites du crétacé qui présentent des teneurs de l’ordre de quelques dizaines à quelques centaines de mg d’uranium par kg.
Par ailleurs, des mesures effectuées dans l’eau de nappes situées à proximité des zones d’exploitation de ces lignites ont montré des teneurs en uranium comprises entre 10 et 12 μg/L (zone d’Aigaliers, Gard) et 15 et 32 μg/L (zone de Piolenc). Des études en laboratoire ont confirmé que ces formations sont susceptibles de libérer des quantités d’uranium significatives dans les eaux souterraines.
Dans un second temps et afin de quantifier le relargage de formations riches en uranium, des tests de lixiviation ont été effectués par l’IRSN sur les échantillons de lignites les plus riches en uranium (SAO- 01 et SAO-02). Pour cela, une fraction des échantillons est mise en contact avec de l’eau Milli-Q14 (c’est une eau ultra pure produit par un système de filtration et osmose inverse) dans des flacons hermétiquement fermés puis agités (test en batch). Après des temps de contact déterminés à l’avance, la fraction liquide est prélevée et analysée par ICP-MS. La concentration en uranium dans la préparation permet de définir un pourcentage de relargage au cours du temps. (…) Après 30 jours de contact, le pourcentage d’uranium en solution relargué par les lignites semble se stabiliser autour de 3%, ce qui indique que ces formations sont susceptibles de relarguer leur uranium dans l’eau. »
Fin de citation.
Autres minéraux que l’on trouve à cet étage
Le succin
Ce lignite lacustre contient très fréquemment du succin (ambre) en petites mouches et quelquefois aussi en morceaux de forme ovale ou arrondie qui atteignent la grosseur d’une noix et même la grosseur du poing. Cette substance est de couleur jaune foncé, à cassure brillante dans le centre des morceaux mais terne et opaque à l’extérieur comme si elle avait éprouvé quelque altération.
Les mineurs de l’époque de l’exploitation de ces concessions s’en servaient comme d’un parfum propre, selon eux, à purifier l’air, et ils le brûlaient pour assainir les pièces où ils élevaient des vers à soie.
Le Gypse
Le gypse est très fréquent dans les calcaires bitumeux qui accompagnent le lignite. On le trouve près du village, en cristaux croisés, à la surface du sol dans les affleurements, notamment en contrebas à droite de la route après le carrefour de La Cadinière.
Le Fer sulfuré
Du fer sulfuré pénètre quelquefois les débris de coquilles fossiles.
Emilien Dumas dans son important ouvrage : STATISTIQUE GÉOLOGIQUE, MINÉRALOGIQUE, MÉTALLURGIQUE ET PALEONTOLOGIQUE DU DEPARTEMENT DU GARD précise je cite : « …. à Saint André d’Olérargues affleurements de fer sur le chemin de grande vicinalité n°23 : ce fer paraît peu riche. » Il s’agit de la route D23 ; je n’ai pas à ce jour localisé précisément si c’est avant ou après le village.
Les habitants marins fossiles de cette époque
L’étage c3. TURONIEN/sous étages c3a Ligérien, c3b Angoumien inférieur et sous étage c3c Angoumien supérieur (-93.5 millions d’années environ).
Le nom de cet étage vient des Turones, anciens habitants de la Touraine (37).
Cet étage peut se diviser en deux séries d’assises, ou sous-étages particuliers, qui tranchent généralement par leur composition minéralogique. Nous allons essayer cependant d’indiquer cette subdivision en la basant sur la nature de la roche constitutive de ces deux séries d’assises et sur les débris organiques qui les caractérisent. Les géologues donnent à ces deux sous-étages ou zones les noms de Ligérien et d’Angoumien, se rapportant : le premier à la craie du bassin de la Loire, le deuxième au calcaire à rudistes d’Angoulême.
Le Ligérien c3a-b, est composé de calcaires jaunes compacts, devenant gris et marneux, durs, en général de couleur grisâtre, et caractérisé par quelques fossiles de l’étage précédent mais surtout par l’Ostrea columba, qui s’y trouve à profusion. Cet étage est surmonté d’un grés compact et très sablonneux. Plusieurs carrières de sables y sont exploitées. On trouve en partie supérieure de nombreux gastéropodes de types Turritella.
L’Angoumien c3c, est composé d’un calcaire jaunâtre, compacte, renfermant presque toujours de petites paillettes de mica ;il contient aussi très souvent des grains de quartz et passe alors à un grès à ciment calcaire. Sa formation est essentiellement marine.
Les habitants marins fossiles de cette époque
II.IX – ET LES DINOSAURES DANS TOUT CA …ME DIREZ-VOUS ?
Cependant, il faut savoir que les os sont constitués de calcium, un minéral qui n’est pas stable dans les conditions de température et de pression à la surface du sol. Cela signifie que l’os va subir des transformations chimiques et l’os original ne sera pas préservé après la fossilisation si elle a lieu. Cela se produit surtout si des fluides circulent dans le sol, de l’eau par exemple. S’il n’y a pas de fluide, l’os peut conserver sa composition chimique initiale, mais cela est rare mais peut présenter un intérêt particulier pour l’étude de la physiologie des dinosaures.
Les phénomènes de minéralisation des os sont de trois ordres:
• Perminéralisation : lorsque les pores de l’os sont remplis par un minéral;
• Recristallisation : lorsque l’os est dissout puis reprécipité en conservant la forme originale du fossile;
• Remplacement : les cristaux originaux sont remplacés par d’autres.
En général, les os fossiles sont un mélange de ces trois phénomènes. Et plus un os fossile sera enterré vite, plus il aura des chances de se préserver. La suite est un concours de circonstances, les sédiments où se trouvent les restes sont érodés au fil du temps et les ossements se retrouvent en surface. Si un paléontologue ou toutes autres personnes passe par là, c’est la découverte. Ainsi j’ai pu trouver ces choses ci-après. Je ne prétends pas que … mais c’est surprenant.
Figure 60. Photo de l’auteur.
II.X – CONCLUSIONS.
Cette petite région que nous avons observée est remarquable par sa diversité.
Nous avons sous les yeux et les pieds une stratigraphie riche d’une quinzaine de strates différentes s’étendant sur 65 millions d’années. C’est une diversité rare dans la région, et surtout regroupée sur seulement un millier d’hectares. Si nous comparons notre situation à celle des villages voisins nous voyons, à l’est que Verfeuil, par exemple, est adossé à l’étage Urgonien qui s’étend presque uniformément jusqu’aux contreforts granito-schisteux des Cévennes. Du côté ouest vers St Marcel de Careiret et jusqu’au-delà de Bagnols sur Cèze, c’est l’étage Angoumien qui s’étend jusqu’au Rhône, les étages affleurant à St André d’Olérargues étant enfouis dessous.
Le fait qu’il n’y ait pas d’étages plus récents au-dessus de l’étage Urgonien de Verfeuil, signifie que le niveau marin n’a pas recouvert cet étage et que par conséquent d’une part il se trouvait plus haut et d’autre part St André d’Olérargues, qui a été recouvert, se trouvait à la limite des eaux donc « en bord de mer » !