Bienvenue au Chapitre IV-II consacré à la Petite Histoire du village prise dans le tourbillon de la Grande Histoire de la région. Ce chapitre qui est long est divisé en deux partie, voici donc le Chapitre IV-II allant du XV au XXI ème siècle.

Fin du 15ème siècle et 16ème siècle:

L’autorité royale au cours du siècle.

Le territoire du roi Charles VII est réduit comme une peau de chagrin (en bleu sur la carte ci-après)

Figure 119. Source http://soutien67.free.fr

Charles VII, roi de 1422 à 1461. Aidé de Jeanne d’Arc, il « boute les anglais hors de France ». C’est la fin de la guerre de 100 ans. Jacques Coeur rétablit les finances du Royaume.
Louis XI, roi de 1461 à 1483. Le redressement se poursuit et le Roi triomphe des féodaux.
Charles VIII, roi de 1483 à 1498. Les « guerres d’Italie » amènent la « Renaissance  » en France.
Louis XII, roi de 1498 à 1515.
François Ier, roi de 1515 à 1547.
Henri II, roi de 1547 à 1559. Son règne est marqué par les luttes contre les Habsbourg et l’Angleterre, et le début des guerres de religion.
François II, roi de 1559 à 1560.
Charles IX, roi de 1560 à 1574.
Henri III, roi de 1574 à 1589.

L’autorité ecclésiastique régionale

Les évêques d’Uzès : Pierre III Beaulé (1400-1405) Geraud de breuil (1405-1426) Pierre IV Seybert 1427 Bertrand III de Cadoène (1427-1441) Guillaume IV de Champeaux (1441-1442) Alain de Coëtivy (1442-1445) Guillaume V Seybert (1445-1446) Olivier de Chatel (1446-1448) Gabriel de Chatel (1448-1463)Jean I de Mareuil (1463-1483) Nicolas I Malgras (1483-1503) Jacques I de St Gelais (1503-1531) Gehan II de St Gelais (1531-1570) Robert de Girard (1570-1591) François I Rousset (1591-1601)

Le pouvoir local

Raymond et Pons de Combes restèrent coseigneurs jusqu’en 1440 puis ce fut Giraud de Gardies en 1441 qui reprend terres et château. En 1426 sa fille Antoinette de Gardies épouse Guignon de Beauvoir du Roure, elle hérite à la mort de son père et c’est en 1447 que Grignon de Beauvoir du Roure devient seigneur de Saint André. Puis en 1454 il vend la seigneurie à Etienne de Montdragon, dans l’hommage qu’il fait à son suzerain l’évêque d’Uzès, il est précisé que la seigneurie comprend, je cite : (traduit en français par le chanoine Roman en 1901)

« …tout le village et toutes ses dépendances, ses tènements, territoires, mandement et district, toutes les habitations et demeures, forteresse et dépendance dudit village de Saint André d’Oleyrargues, avec haute et basse justice, mère mixte impère, coercition, et tout ce que de droit il possède dans le dit village, sur les personnes et les choses et tout ce qu’il est sensé posséder …etc »

Son fils Jacques de Montdragon lui succède.
En 1493 terres et château furent vendus à Antoine de Bagnols seigneur de St Michel d’Euzet et Théobald Aubert son gendre, fils de Jean Aubert baron de Montclus.

Pour acquérir ce bien il leur faut l’accord de leur suzerain le seigneur évêque d’Uzès c’est l’acte de lauzime qui est l’autorisation donnée à des particuliers et moyennant redevance, de vendre, céder, échanger ou hériter (droit de mutation) une terre. Cet acte de lauzime précisait, je cite : (traduit en français par le chanoine Roman en 1901)

« Lauzime fait par l’évêque d’Uzès de la vente faite par Jacques de Montdragon à Antoine et Théobalde de Bagnols, du village de Saint André, diocèse d’Uzès, avec haute et basse justice(1), censives(2), servitudes, laudines(3), treizain(4), herbages, devois, terres cultes et incultes, plusieurs prés, droits de ladite juridiction et ses dépendance, ses émoluments, et les honneurs et les charges connexes, lequel village et château est ainsi composé : du levant, la juridiction de Sabran et de St Marcel de Carreiret ; du couchant, la juridiction et le territoire de Verfeuil ; du vent droit, la juridiction et la terre de la Roque ; du marin, la terre et juridiction de St Marcel de Carreiret (…)».

Le lecteur remarquera la désignation originale de l’époque, concernant les quatre points cardinaux.
Pour bien comprendre la succession des seigneurs de St André d’Olérargues, il me faut ici faire un résumé de la généalogie de la famille de Théobald Aubert.
Théobald épousa Michelette en 1486, naquirent deux fils qui moururent jeunes et furent ensevelis dans l’église de St André d’Olérargues. Une sœur de Théobald, Isabaud Aubert fut aussi ensevelie dans l’église de Saint André d’Olérargues devant l’autel de la Sainte Vierge avec les deux enfants. Théobald se remaria avec Gabrielle de Montdragon, fille d’Etienne et de Louise de la Baume de Suze. Il eut cinq enfants.

  1. Paul Aubert ou d’Albert dit de Montdragon par testament de son oncle qui l’oblige de porter son nom et ses armes. Il épouse Jeanne de Tende et meurt sans enfant.
  2. Edouard d’Albert dit de Saint André qui fut par testament de son père substitué à son frère Paul. Il épouse en 1564 Marguerite de Boudicq, naquit une fille dont nous reparlerons ci-après.
  3. Marguerite religieuse à VALSAUVE elle devient abbesse de ce monastère.
  4. Louise mariée à Pierre de Sade puis à François de Mistral baron de Doms et de Croze
  5. Anne dite Mademoiselle de Saint André, religieuse à VALSAUVE puis abbesse à l’abbaye de Saint Pierre du Puy de la ville d’Orange.
La fille d’Edouard d’Albert et de Marguerite de Boudicq s’appela aussi Marguerite d’Albert et fut mariée en 1588 avec Charles d’Audibert fils de Gabriel d’Audibert, seigneur de Lussan. De ce mariage naquit :

  1. Jacques d’Audibert.
  2. Madeleine mariée à Denis de Barjac seigneur de Rochegude
  3. Gabrielle, mariée avec Jacques baron de la Fare.
Et ainsi les d’Audibert seigneur de Lussan entrent en possession du fief de Saint André d’Olérargues.

Que peut-on dire de St André d’Olérargues ?

Le château

 

Rappel du Contexte Historique :

Nous avons écrit précédemment qu’en 1454 le fief est vendu à Etienne de Mondragon.

Pour acquérir ce bien il leur faut l’accord de leur suzerain le seigneur évêque d’Uzès c’est l’acte de lauzime qui est l’autorisation donnée à des particuliers et moyennant redevance, de vendre, céder, échanger ou hériter (droit de mutation) une terre. Cet acte de lauzime en latin précisait, je cite : (traduit en français par le chanoine Roman en 1901)
« …tout le village et toutes ses dépendances, ses tènements, territoires, mandement et district, toutes les habitations et demeures, forteresse et dépendance dudit village de Saint André d’Oleyrargues, avec haute et basse justice, mère mixte impère, coercition, et tout ce que de droit il possède dans le dit village, sur les personnes et les choses et tout ce qu’il est sensé posséder …etc »

Ceci tendrait à prouver que le château ou du moins une partie, comme nous verrons plus loin, avait été construit avant son acquisition.

En 1493 terres et château furent vendus à Antoine de Bagnols seigneur de St Michel d’Euzet et Théobald d’Albert ou d’Aubert son gendre, fils de Jean Aubert baron de Montclus.

Le nouvel acte de lauzime en latin précisait, je cite : (traduit en français par le chanoine Roman en 1901)

« Lauzime fait par l’évêque d’Uzès de la vente faite par Jacques de Montdragon à Antoine et Théobald de Bagnols, du village de Saint André, diocèse d’Uzès, avec haute et basse justice, censives, servitudes, laudines, treizain, herbages, devois, terres cultes et incultes, plusieurs prés, droits de ladite juridiction et ses dépendance, ses émoluments, et les honneurs et les charges connexes, lequel village et château est ainsi composé : du levant, la juridiction de Sabran et de St Marcel de Carreiret ; du couchant, la juridiction et le territoire de Verfeuil ; du vent droit, la juridiction et la terre de la Roque ; du marin, la terre et juridiction de St Marcel de Carreiret (…).

Le lecteur remarquera la désignation originale de l’époque, concernant les quatre points cardinaux.

Théobald d’Albert reste seigneur de St André d’Olérargues au moins jusqu’en 1524, soit 31 ans.

Son fils ainé, Paul, lui succède à la tête de la seigneurie, il mourut sans enfant en 1553.

Parallèlement chez leurs voisins de Lussan, et futurs parents, en 1550 Gaspard d’Audibert, seigneur de Lussan revient de la campagne d’Italie. Ayant vu l’inutilité des châteaux haut-perchés, et ayant admiré la beauté des résidences italiennes, il décide la construction d’un château près de la source d’un petit ruisseau nommé Le Fan au pied de Lussan. Ce château a une certaine ressemblance avec celui de St André qui, lui malgré tout, se veut d’un aspect plus « médiéval ».

Figure 119-1. Photo de l’auteur. Château de Fan à Lussan.
Le frère de Paul, Edouard d’Albert de Mondragon Seigneur de Saint André, Co Seigneur du Pin et de Cabrière, Chevalier de l’Ordre du Roi, Gouverneur d’Aigues Mortes, lui est substitué en 1563 dans le testament de leur père. Il épouse en 1564 Marguerite de Bourdicq , ils ont une fille unique Marguerite d’Albert (ou d’Aubert) qui gèrera légitimement la seigneurie à partir de 1569 suite au décès d’Edouard son père, elle a alors 4 ans.

Il est intéressant de noter ici qu’Edouard, son père, se distingua dans les combats contre les protestants. Il contribua à la levée du siège d’Alès en 1569 et ravitailla cette ville. Il fut tué en novembre 1570 d’un coup de pistolet, étant venu défendre la ville de Nîmes que les protestants avaient surprise.
Ces faits expliquent en partie pourquoi d’abord lui, puis sa famille tenait à rénover et surtout fortifier le château pendant ces périodes troublées.

Marguerite sa fille deviendra la « Dame de Saint-André et de Sabran » citée dans les textes.
Ses parents et elle-même, quand elle fut plus âgée, réparèrent et embellirent cette demeure en vue peut-être de son éventuel mariage et sûrement en vue d’enrichir leur patrimoine. Une décoration, frappée d’un médaillon qui était sans doute, en décoration de clé de voute, au-dessus de la porte monumentale au pied de la grande tour d’escalier porte une date pouvant marquer la fin des travaux : 1587.
Un an plus tard, elle a environ 23 ans, elle épouse le 19 février 1588 à Barbentane Charles d’Audibert (fils de Gaspard d’Audibert, seigneur de Lussan, de Valros, de Gauerguer et de St Marcel), dont nous avons parlé précédemment, mais elle conserve la seigneurie à son mon.
Nous sommes alors, en pleine « guerres de religion » et à une trentaine de kilomètres, à Laudun, sur le mur intérieur de l’étroite cour d’une maison du village, située sur le rempart même, quelqu’un a gravé une petite pierre taillée en forme de livre ouvert, sur les deux pages desquelles a été tracée l’inscription suivante, en menus caractères assez mal formés :
« Vive la foy catholique ! 1588 et le premier de juillet, M. de Montmorency vint, avec les Huguenots, assiga (assiégea) Laudun, et faict tirer 694 volées de canon, sans le prendre, et abattit le pont de Nisson »

Charles d’Audibert rédige en 1622 un premier testament dans lequel il revendique son appartenance à l’église réformée, à qui il lègue de l’argent pour ses pauvres. Ce qui est un comble, ayant eu un beau-père qui les combattit. Se référant dans son testament « a tous ce qu’il lui a donné au contrat de leur mariage », notamment « les réparations et améliorations que ledit seigneur a dit avoir faites aux biens de ladite dame », le testament ne sera pas plus explicite sur les questions qui nous intéressent.

Nous reparlerons de ces « réparations et améliorations »

Ce que l’on peut dire sur le plan architectural:

Il faut remarquer que cette construction a été beaucoup modifiée et remaniée au cours des siècles. Les ouvertures initiales obturées et les créations de nouvelles ouvertures sont nombreuses et certaines de ces dernières ont même été rebouchées.

Figure 119-2. Photo aérienne de Pascal Bono.
Vue du château aujourd’hui en 2016.
Les matériaux :

L’ensemble de la construction est réalisé au moyen d’une maçonnerie de moellons liés avec chaux et sable, l’approvisionnement provenant de carrières locales ou d’extractions plus lointaines. De plus, lors de l’excavation du terrain en vue de la réalisation des fondations, des blocs sont réservés et utilisés dans les maçonneries. Il peut s’agir également de matériaux de récupération issus de la démolition de murs en place. La nature de ces matériaux est diverse : calcaires, grès et safre sont utilisés, les derniers en petite quantité. Une pierre brune apparaît fréquemment dans les maçonneries de la moitié orientale du château, c’est du grès rouge (ferrugineux) abondant sur la commune. Les blocs sont, en général, de petites tailles ; mieux assisés (empilés avec bonne assise) dans la partie à l’est que dans la partie à l’ouest.

Les épaisseurs de murs :

Au rez-de-chaussée, les maçonneries sont d’épaisseurs différentes (fig. 119-3). Les murs cotés est sont plus épais (entre 0.9 et 1 m) que du côté ouest (entre 0.6 et 0.7 m) :

igure 119-3. Dessin de Claude PRIBETICH AZNAR
Les contacts d’ancrage entre les murs :

A cette disparité d’épaisseur des murs s’ajoutent des ancrages, ou des adossements, marquant une reprise des maçonneries entre la partie est et la partie ouest.

L’examen a révélé par exemple que :

. Au rez-de-chaussée, le mur sud-est est liaisonné au mur de l’escalier après refouillement de celui-ci (A), (fig.119-4)
. Sur toute la hauteur du bâtiment, le mur ouest du couloir opère de même avec la façade sud.
. Au 2ème étage, un enduit, piégé par la construction de ce cloisonnement, en confirme la postériorité
. Le refend est/ouest s’appuie, sans liaison, contre le refend nord/sud. (fig. 119-4),

Figure 119-4. Photo de Claude PRIBETICH AZNAR
Les grands travaux d’extension et de modifications du château

C’est donc au cours du XVIe siècle et sous l’autorité d’Edouard d’Albert, qu’après liaisonnement des nouvelles maçonneries avec celles de la tour d’escalier, on entreprend la modification et la reconstruction de la partie orientale du château. Difficile de dire dans quel état était la bâtisse d’origine. Cependant, à l’intérieur, sont exclus de cette campagne de rénovation de certains refends et le voûtement, objets d’un « embellissement » et d’une réorganisation des lieux ultérieurs.
La demeure actuelle résulte d’une première grande campagne de travaux qui lui a donné la forme d’un manoir rectangulaire, flanqué de deux tours (à l’est) et disposant d’une première tour d’escalier, à l’emplacement de celle que nous empruntons aujourd’hui. Le mur de refend, ne présente de retraits pour supporter les planchers que sur son parement oriental, ce qui confirme une intention première de limiter ainsi la reconstruction.

La transformation en château définitif :

Une deuxième tranche de travaux réalisée avant 1587 et sans doute après la mort d’Edouard, est entreprise. Les maçonneries, moins épaisses, de la moitié occidentale, correspondent à cette deuxième campagne de travaux. De même ampleur que la première, mais plus économe en maçonnerie, elle complète le dispositif architectural pour le rapprocher du modèle du château médiéval. L’escalier est alors rebâti dans la tour, qui fait également l’objet d’une reconstruction. Contraint de respecter les niveaux en place à l’est, de distribuer les nouvelles salles à l’ouest et d’ouvrir sur la cour d’entrée par une porte monumentale, son développement reflète les difficultés rencontrées par les constructeurs pour concilier les impératifs du programme. Le millésime de 1587, gravé sur le bloc trapézoïdal remployé dans la cuisine du nord/est et qu’il convient de réinstaller à l’emplacement de la clé de la porte d’entrée, doit marquer l’achèvement de cette seconde campagne de travaux.

Les tours d’angle :

Elles diffèrent par leur taille, leurs dispositifs militaires, leurs baies d’éclairement, leurs distributions intérieures.

– la « grosse tour » (sud/est) circulaire à l’extérieur et quadrangulaire à l’intérieur, est d’un format nettement plus important que les trois autres (Diam ext. 5,30 m) cette « grosse tour » et la tour sud/est disposent d’une travée ouverte au sud au premier étage
– la tour nord/est, d’un diamètre inférieur (Diam ext. 4,70 m) s’ouvre à l’est au premier étage
– les tours ouest, semblables, sont de taille encore inférieure (Diam ext. 4,20). La tour nord/ouest s’ouvre à l’ouest au premier étage.

Deuxième phase de travaux d’agrandissement ____________ Première phase de travaux
Figure 119-5. Dessin de l’auteur.
La tour d’escalier :

Polygonale au sud et circulaire au nord, cette tour abrite la porte monumentale d’entrée, protégée par une bretèche sur mâchicoulis. La faible saillie de la bretèche et les dimensions réduites des mâchicoulis font de cet ouvrage un élément d’intimidation et de décor plus qu’un ouvrage militaire sérieux. Les ouvertures de tirs latérales et les fenêtres de veille complètent ce dispositif.

La façade à pans coupés de la tour est d’une irrégularité que peut expliquer la présence du soubassement d’une première tour, comme nous l’avons vu plus haut. Les assises irrégulières et les blocs parfois posés en délit (la pose en délit consiste à poser la pierre, suivant un lit vertical et non horizontal) et souvent calés par de petites pierres, estompent la qualité de cette élévation qui était rehaussée d’un portail d’entrée architecturé. Les mâchicoulis et la bretèche, rappels du château médiéval, restent d’une expression modeste.

Figure 119-6. Photo de l’auteur.
La couverture de la tour d’escalier a été réalisée après son découronnement et une surélévation des murs permettant de donner la pente nécessaire à la toiture (fig. 119-7 image 149).

Au sommet de la tour d’escalier, entre les maçonneries courantes et la surélévation, apparaît un alignement de pierres plates de faible épaisseur (image 149), caractéristique d’un nivellement d’arase pour préparer la pose d’un couronnement. La présence d’un bloc mouluré posé dans l’embrasure de la fenêtre de veille en haut de la tour, rappelle le bandeau d’étage et la pierre de corniche de la tour du château de Lussan (image 150), et pourrait constituer l’ultime témoin de ce couronnement.

Figure 119-7. Photos de Claude PRIBETICH AZNAR
L’escalier en vis :

L’escalier est constitué de marches de pierres monolithes de 1,45 m formant noyau, il s’inscrit dans les maçonneries de la tour sans accident, preuve que les constructions sont contemporaines. Ce constat est confirmé par la superposition des premières assises des encadrements des portes donnant sur l’escalier et l’encastrement des marches.

La gorge qui ponctue l’emmarchement au droit du noyau (fig. 119-8 gauche), donne de la légèreté à l’attache et de la largeur au giron. La sous-face de la marche est délardée (fig. 119-8 droit) ce qui permet d’alléger la marche sans diminuer sa résistance.

Figure 119-8. Photos de l’auteur
Alors que le développé de l’escalier prend en compte les deux portes d’accès aux niveaux supérieurs, au rez-de-chaussée, la première marche empiète sur le couloir. Plus loin, la sous­ face d’une marche frôle l’arc segmentaire du passage de la porte d’entrée. Ceci prouve que le constructeur a dû s’adapter à l’existant.
Après la desserte du deuxième étage, l’escalier se prolonge sur trois quarts de tour jusqu’à un palier, vraisemblablement de pierre, à partir duquel un escalier de bois ou une échelle meunière, aujourd’hui disparus, desservait le corps de garde.

Les dispositions d’un plancher supérieur desservant la bretèche, autre que celui en place, ne sont pas perceptibles. Les deux poutres, posées à plat, semblent toutefois insuffisantes pour supporter un plancher.

Porte d’entrée

La description, ci-après, de la porte est issue des travaux de Madame Claude PRIBETICH AZNAR. Les proportions de l’ouverture, plutôt large et basse, et son couvrement par un cintre à une clé culminant à seulement 2 mètres de hauteur, en appui sur les contre-clés reposant directement sur les sommiers (cinq claveaux plus longs que hauts) attestent de la caractéristique d’un ouvrage construit au XVI° siècle.

Figure 119-9. Dessin de Claude PRIBETICH AZNAR
Cet ensemble repose sur des impostes présentant deux saillies érodées et comportant un ressaut vertical, correspondant à une corniche d’imposte sur pilastres adossés, composée de deux tores formant bande.
Les piédroits, eux aussi fortement altérés sont travaillés en bossage en table orné de deux demi-motifs en cuvette adossés taillés en refouillement et centrés sur un point dans le joint du bossage. Cet ornement présente deux tables par éléments de pierre, sur le retour en tableau de la baie et sur le parement de la façade sur une largeur de 60 cm environ à droite et jusqu’à l’angle de la tour à gauche, où il n’existe plus de chaine d’angle sur 3,00 mètres de hauteur. La baie est encadrée de deux pilastres adossés à bossage selon le même motif.

C’est l’indice d’une porte monumentale, dont les composants au-dessus du cintre sont posés en applique sur un léger refouillement de 10 à 20 cm, dont les dimensions lisibles seraient d’environ 2 mètres de largeur sur 3,00 mètres de hauteur minimale.
Dans le refouillement, l’appareil est surmonté d’une assise de pierres longues et d’une hauteur d’environ 20 cm, qui pourrait correspondre à une corniche d’entablement.
On peut noter la présence de deux pierres plates posées en applique et en symétrie par rapport à la porte au-dessus de l’assise de la corniche supposée et présentant un bas-relief de vases. Le motif confirme la datation de l’ensemble.
Ces pierres d’une hauteur d’au moins 60 à 80 cm indiquent que la corniche d’entablement était surmontée d’un élément imposant appartenant au décor de la porte.

Un élément encore suscite notre curiosité : l’ornement de la clé de voûte de la grande salle dite cuisine du rez-de-cour.

Figure 119-10. Photo de Jozef V. Welie.
Photo retournée dans le sens de lecture du milésime.
Cette pièce, frappée d’un médaillon et portant le millésime 1587, est d’une forme trapézoïdale, incongrue pour une clé de voûte de salle.
Transposée par le dessin comme un élément de décor en applique sur le cintre de la porte, elle vient se superposer sur sa clé, en largeur, comme en hauteur jusqu’à la corniche de l’entablement. Cependant l’inscription serait, dans cette hypothèse, gravée à l’envers et se lirait la « tête en bas ».

Curieux. Le millésime y est gravé deux fois, en dessus et en dessous des initiales. La gravure du dessus est encadrée par un motif en oriflamme (rectangle avec deux pointes).
La facture de la gravure du millésime est assez simpliste et a pu être ajoutée plus tardivement.

Figure 119-11. Photo de l’auteur.
Photo tournée dans le sens de lecture des initiales.
Quant aux initiales du centre on peut lire au moins : S – M – D. Toutes les interprétations sont possibles. Peut-être le M pour Mondragon ou Marguerite.
Il y a aussi dans les angles quatre têtes sculptées, trois visages humains et une tête de chien (ou de cochon ?)
Le reste des décorations sont des motifs floraux, il n’y a pas de symboles religieux.

Les baies extérieures :

Au rez-de-chaussée, les remaniements caractérisent une occupation du château qui a évolué dans le temps vers une plus grande accessibilité de ce niveau pour une utilisation agricole du bâtiment (écurie et étable, porcherie, stockage de foin, élaboration du vin …).

Les fenêtres, croisées ou demi-croisées du premier étage, sont constituées de blocs d’une vingtaine de centimètres d’assise qui s’ancrent relativement bien dans les maçonneries sans que n’apparaissent de reprises dues à des remaniements. Ce constat est à faire par opposition à l’hétérogénéité des modénatures qu’elles présentent : croisées aux arêtes vives ou à chanfreins larges ou étroits, avec ou sans plinthe, appui individuel aux décors variés ou appui continu se retournant sur les tours. Cette diversité, reflet sans doute de la volonté du propriétaire de se distinguer, est plus sensible sur la moitié occidentale du château.

Il apparait que pour l’ensemble des travées mutilées, les témoins sont suffisants pour envisager de retrouver les dispositions d’origine. Toutes les baies ont été volontairement réduites en taille pour échapper à l’impôt sur les fenêtres, héritage du Directoire.

Dans le premier livre de son roman Les Misérables, dont l’action se déroule au début du XIXe siècle, Victor Hugo met dans la bouche de l’évêque de Digne Mgr Myriel les paroles suivantes lors d’un sermon :

« Mes très chers frères, mes bons amis, il y a en France treize cent vingt mille maisons de paysans qui n’ont que trois ouvertures, dix-huit cent dix-sept mille qui ont deux ouvertures, la porte et une fenêtre, et enfin trois cent quarante-six mille cabanes qui n’ont qu’une ouverture, la porte. Et cela, à cause d’une chose qu’on appelle l’impôt des portes et fenêtres. Mettez-moi de pauvres familles, des vieilles femmes, des petits enfants, dans ces logis-là, et voyez les fièvres et les maladies. Hélas ! Dieu donne l’air aux hommes, la loi le leur vend. »

On remarque sur la photo des façades, ci-après, la réduction des ouvertures des fenêtres du premier étage. On peut apercevoir les baies réduites et décentrées par rapport à la corniche de l’allège sur la photo de gauche ou par rapport aux orifices de tir sur la photo de droite, ainsi que la trace des anciennes baies sous le crépi.

Figure 119-12. Photo de l’auteur.
Madame Claude PRIBETICH AZNAR dans son diagnostic patrimonial du château a réalisé des dessins des baies modifiés, en voici quelques exemples.

Figure 119-13. Dessin de Claude PRIBETICH AZNAR
Figure 119-14. Dessin de Claude PRIBETICH AZNAR
Les embellissements et les voûtements du rez-de-chaussée.

Plus tard, mais toujours au XVIe siècle, comme l’indiquent les modénatures (en architecture, on appelle modénature les proportions et dispositions de l’ensemble des éléments d’ornement que constituent les moulures et profils des moulures de corniche) des portes d’accès aux salles intérieures un réaménagement du rez-de-chaussée mettant en œuvre le voûtement, les couloirs de distribution et la cheminée de la grande salle donnera la touche finale à la demeure de dame Marguerite d’Albert. Peut-être s’agit-il des « embellissements » que s’attribue Charles d’Audibert, son époux, dans son testament

Les voûtes d’arêtes du rez-de-chaussée résultent des travaux « d’embellissement », évoqués plus haut. Elles remplacent vraisemblablement un plancher bois portant d’est en ouest et ont permis de supporter un sol dallé de grands carreaux au deuxième niveau. Par précaution, les voûtes sont appuyées sur des structures en pilier désolidarisées des anciennes maçonneries. Il est à remarquer que les voûtes sont complètement désolidarisées des murs périphériques dans lesquels elles devraient s’encastrer si elles avaient été construites en même temps.

Les voûtes couvrent l’ensemble du rez-de-chaussée du corps central et les premiers niveaux des tours orientales. Irrégulières, elles sont constituées de moellons maçonnés sur un coffrage selon le profil de voûte d’arête à l’est et de berceau à l’ouest. La forme circulaire des tours a conduit à la réalisation de coupoles. Celles-ci, façonnées à partir de pierres plates rayonnantes liées au mortier sur coffrage (fig. 137), soulignent dans leurs mises en œuvre les difficultés des constructeurs à prendre en compte les impératifs du programme.

Un faisceau d’indices contribue à placer le voûtement du château dans une ou deux campagnes de travaux ayant pour objectif « l’embellissement  » des lieux :

– nous avons évoqué précédemment les appuis isolés des voûtes d’arêtes,
– dans la tour sud/est, ce sont quatre blocs posés en encorbellement et taillés en coquille qui rachètent la forme carrée à pans coupés, le profil extrêmement déprimé des coupoles soumis à la contrainte du respect des niveaux de seuil en place des étages supérieurs. C’est également une réservation dans le coffrage des voûtes de part et d’autre de la porte d’accès à la tour, pour conserver ce passage,
– à l’ouest, la distribution des locaux militerait pour une contemporanéité du cloisonnement et du voûtement.

Le système défensif du château – Les canonnières :

Description générale :

A la fin du Moyen-Âge, l’aristocratie rurale, à l’image des puissants seigneurs se fait construire des demeures sur le modèle du château. La demeure seigneuriale s’implante à l’extérieur du bourg, à une distance plus ou moins proche de celui-ci, au centre de ses dépendances agricoles et n’offre plus le secours d’une protection aux habitants du bourg. Plus encore, elle peut mobiliser ses forces armées contre ces derniers en cas de différence de confession ou de différents territoriaux. Elle ne conserve que les caractères les plus représentatifs du château médiéval : les tours et parfois les fossés.

Les canonnières apparaissent dès la fin du XIVe siècle, lorsque l’armement évolue avec la mise au point d’un boulet métallique qui vient se substituer au boulet de pierre et l’apparition des armes à poudre. Leur forme s’adaptera aux besoins nouveaux de cette artillerie pour former, à partir de 1470, « les embrasures à la française ». Jean MESQUI, dans son ouvrage « Châteaux forts et fortifications en France », Flammarion écrit :
« l’orifice de tir est placé à l’intérieur du mur, il est desservi par un évasement en entonnoir : le plan de la canonnière prenait la forme d’un X. Ce dispositif avait le triple avantage de mieux protéger l’embrasure, d’éviter l’affaiblissement du mur au droit du parement et d’améliorer la capacité de visée du tireur ».

Ainsi, l’orifice circulaire, adapté à la section du canon de l’arquebuse, est placé au centre du mur, l’ébrasement interne permettant le déplacement du servant et de la crosse, l’ébrasement externe en entonnoir aplati permettant le pivotement du tube de canon et le balayage extérieur. Au XVIe siècle, sur ce principe, les modèles vont se spécialiser pour répondre aux besoins des armes en usage : épaulées ou sur un affût, à culasse ou chargement du projectile par la gueule, pour le tir en négatif ou le tir à l’horizontal.

J. Miquel, dans son ouvrage consacré à l’architecture militaire dans le Rouergue au Moyen­ Âge, établit une distinction entre « canonnière » et « bouche à feu ». Selon lui, les premières, au XVe siècle, succédant immédiatement à l’archère-canonnière, présentent un orifice de tir de gros calibre diamètre de 100 à 190 mm destiné aux armes à poudre. Les secondes caractérisent le XVIe siècle et le XVIIe siècle et disposent d’une ouverture circulaire d’un diamètre variant entre 50 et 80 mm, permettant d’engager la gueule d’une arquebuse.

A Saint-André, la diversité des modèles et leur adaptation plus tardive à l’évolution de l’armement empêche de dater ce dispositif défensif de façon précise. L’inaccessibilité de la plupart des canonnières et notamment de l’orifice de tir, prive l’étude d’éléments datant comparatifs comme les sections de ces orifices.

Quelques exemples des très nombreux modèles de canonnières rencontrées sur le château.

Figure 119-15. Photo de l’auteur.
Figure 119-16. Photo de l’auteur.
Figure 119-17. Photo de l’auteur.
Figure 119-18. Photo de l’auteur.
Stratégie défensive mise en œuvre :

Il ressort, de l’analyse, que le système défensif du château n’a pas été conçu d’un jet et qu’il a évolué en réponse aux troubles et aux dangers du moment. Il correspond, en fait, aux contraintes du programme architectural qui prend en compte la réalité des évènements qui marquent la période et une certaine idée de la demeure seigneuriale de mise au XVIe siècle. Le danger, certes, venait principalement de la route menant à Saint-Marcel de Careiret, les canons ne pouvant circuler en dehors des chemins. Mais, l’artillerie, plus légère, permettait ensuite un déplacement des hommes armés qui pouvaient encercler le château et attaquer sur tous les fronts.

La puissance de feu concentrée à l’est est le signe d’une campagne de travaux menée au cours d’une période extrêmement troublée. La diminution de l’importance des combats ou la paix retrouvée a pu conduire les constructeurs à n’envisager, à l’ouest, qu’un équipement de « sécurité », plus léger et spécialisé, mais en même temps, à renforcer (pour le combat, mais plus vraisemblablement pour l’intimidation) la défense supérieure des tours orientales.

L’absence d’équipement du rez-de-chaussée de la « grosse tour » et la faiblesse de ceux de la tour nord/est suggèrent qu’une autre protection, « un mur de clôture » apportait un premier rempart contre l’ennemi. Le situer le long de la route est la première idée qu’aucun indice archéologique n’est venu étayer.

Cette analyse du système défensif du château conforte l’idée d’une construction qui s’est déroulée en au moins deux grandes campagnes de travaux, qui ont structuré la construction en ce quadrilatère flanqué de quatre tours et distribué par un escalier en demi-œuvre.
La présence d’un couronnement crènelé, de murs d’enceinte ou de fossés n’a pu être prouvée par l’enquête.

Il y a ensuite « la bretèche » implantée sur la tour centrale qui servait de défense de la porte principale. La bretèche assez courante depuis le Xe siècle est devenue un dispositif prépondérant en matière de flanquement à partir du XIIIe siècle. Elle voit son déclin en matière d’éléments défensifs au XVe siècle avec l’utilisation de la poudre à canon. Il n’est plus besoin de défendre une porte depuis le dessus, puisqu’elle peut être détruite à distance par une bombarde.

Figure 119-19. Photo de l’auteur.
Comme nous l’avoir écrit précédemment, cette bretèche reste modeste et sa fonction était plus dissuasive que vraiment défensive.

Voilà ce que l’on pouvait dire du château. Intérieurement il n’y a rien de remarquable si ce n’est l’escalier à vis et plusieurs grandes cheminées qui n’ont malgré tout rien d’exceptionnelles. Il y a aussi quelques plafonds à la « française » qui demandent à être restaurés.

Et si, maintenant que tout va bien, on se massacrait entre chrétiens … ?

Tout semblait aller pour le mieux. Mais c’était sans compter sur la bêtise humaine qui déclencha le plus stupide des conflits alimentés par l’intolérance. La mode n’étant plus aux croisades pour aller massacrer les infidèles ou s’y faire massacrer, alors on se massacra entre chrétiens pour des détails liturgiques !

Ainsi, commencèrent ces épouvantables guerres de religion, qui dans les diocèses de Nîmes et d’Uzès causèrent, pendant près de 70 années, des maux inouïs. Elles durèrent en effet, plus ou moins latentes et plus ou moins atroces, d’un côté comme de l’autre, de 1562 à 1630, pour reprendre dans les premières années du XVIIIe siècle, avec une âpreté encore, plus redoutable.

À partir du XVIe siècle, au catholicisme s’oppose le protestantisme, opposition qui débouche sur une terrible guerre civile. Les premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent dans les années 1520. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550, pour voir le développement des clivages. À la fin du règne d’Henri II, le conflit se politise.

Les guerres de religion commencent en 1562 et se poursuivent entrecoupées de périodes de paix jusqu’en 1598, avec la mise en place de l’Édit de Nantes.

Les guerres de religion trouvent un prolongement aux XVIIe (siège de La Rochelle, révocation de l’Édit de Nantes) et XVIIIe siècles (guerre des Camisards), jusqu’à l’arrêt des persécutions sous Louis XVI (Édit de Versailles en 1787).

Les religionnaires (les huguenots) s’attaquèrent non seulement aux personnes, mais aussi beaucoup aux monuments religieux, qu’ils pillaient, incendiaient et détruisaient. Il n’entre pas dans le plan de cet ouvrage de détailler les événements qui ont donné lieu à toutes ces dévastations. Que l’on se rappelle seulement que les protestants de Bagnols, déjà organisés en 1540 et encouragés par l’évêque d’Uzès, Jean de Saint-Gelais, sectateur de la Réforme dès 1546, eurent à cœur de suivre aussitôt les exemples donnés par ceux de Nîmes et d’Orange, en fermant les églises et les chapelles, ou en brûlant les reliques et les images (1560 et 1561) ; que l’on relise les exploits de Parpaille, du baron des Adrets et de leurs partisans au Pont-Saint-Esprit, à Chusclan, à Saint-Laurent-des-Arbres, à Bagnols et à Cornillon (I562-1563) ; les meurtres et les pillages commis à Bagnols, Laudun, Orsan, Pont-Saint-Esprit (Église de Saint-Saturnin détruite, archives du prieuré brûlées), Saint-Laurent-des-Arbres et Tresques, de 1567 à 1569; les allées et venues de l’armée des princes, conduite par Coligny dans le Bas-Languedoc, en 1670 ; les désastres subis par Bagnols, Cavillargues, Cornillon, Sabran, La Roque, Saint-Laurent-des-Arbres, Saint-Laurent-la-Vernède, Saint-Marcel-de-Careiret, etc., de 1572 à 1576 ; les opérations des ligueurs, des protestants et de l’armée royale, qui se disputaient la possession du pays, au grand dam des habitants; le siège de Laudun, en juillet 1588 et la prise de Tresques, Connaux et Orsan ; les révoltes, qui eurent pour conséquence la démolition de la cathédrale d’Uzès, des châteaux de Bagnols, Sabran, Gaujac, etc. et que l’on pense à toutes les souffrances qui en résultèrent et à toutes les ruines qui s’accumulèrent !

Le 30 septembre 1567, à Nîmes, il y eut le tristement célèbre massacre de la Michelade !

Puis au 2ème et 3ème siècle av. JC, les Romains conquièrent la région. Au 4ème siècle les Wisigoths prennent possession à leur tour de la contrée. A partir du 5ème siècle, Francs et Wisigoths se disputent le Sud, alors que les Huns venus du cœur de l’Asie repoussent les autres peuples au nord. Puis c’est le tour des Francs qui se présentent tels des barbares païens et violents alors que les Wisigoths sont des chrétiens ariens. Les Wisigoths ont gardé les structures Romaines en place, se servant de la monnaie, de l’écriture, de l’architecture et d’autres acquis romains. A partir de 7ème siècle jusqu’au 10ème, ce sont les incursions musulmanes. Les Sarrasins remontent d’Espagne et envahissent le pays

Au début du XX° Siècle l’orthographe du nom est identique à celle d’aujourd’hui. Nous le voyons par exemple dans un procès-verbal d’une séance du Conseil de Fabrique(1) datant de 1906.

Figure 120. La Michelade. Gravure par Frans Hogenberg d’après Tortorel et Perrissin, XVIe s. Musée national du château de Pau

 

Sur les guerres de religion dans le pays, je conseille la lecture de l’excellent résumé qui en a été donné par M. l’abbé A. Durand, Études historiques sur Saint-Laurent-des-Arbres, dans les Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 1893, p. 191 que l’on peut trouver sur Internet.

Pour avoir une idée de la situation des catholiques à ce moment :

François de Beaumont, baron des Adrets est un capitaine dauphinois. Réputé pour sa cruauté dans les actions, il est un fidèle partisan des troupes protestantes.

Il s’était emparé de Bourg-St-Andéol, de Pont-St-Esprit et du château de Roquemaure. Il va mettre le siège devant St-Laurent des-Arbres. Craignant de tomber entre les mains du féroce capitaine, les habitants du lieu opposèrent à l’ennemi une résistance courageuse. Mais la vaillance dut céder devant la force : les calvinistes bombardèrent les murailles avec trois pièces d’artillerie, réussirent à ouvrir une brèche, montèrent à l’assaut et purent enfin pénétrer dans le village. Avides de sang et de pillage, les soldats huguenots font alors du pays un théâtre de désolation et d’horreur.

Ils saccagent et incendient un bon nombre de maisons; le curé de la paroisse est brûlé vif sur le maître-autel de l’église et quatre-vingts personnes sont passées au fil de l’épée (26 août 1562). Une tradition locale, conservée jusqu’à nos jours, nous renseigne sur la manière dont les massacres furent commis.

Le baron des Adrets était installé dans une des plus belles maisons du village, près de l’église. Il convoqua les principaux habitants du pays. Un seul refusa de venir; ne voyant sortir aucun des catholiques qui avaient répondu à l’appel du chef huguenot, il avait conçu de la défiance et s’était dérobé à toute recherche. Pour échapper aux poursuites des calvinistes, il était descendu dans un puits. Il dut son salut à ce refuge, aussi sûr qu’incommode.

Tous ceux qui s’étaient rendus auprès du baron furent amenés, l’un après l’autre, dans une cave souterraine ; là, on les égorgea sans pitié, et leur sang finit par ruisseler jusque dans la rue voisine !

Comment évolue l’agriculture

XVIème siècle timide développement du vignoble. Les vendanges sont précoces au début septembre. Il y a une mauvaise conservation du vin. Introduction du sarrasin.
En Toulousain, la culture du pastel connaiît son apogée dans la première moitié du siècle.
Le maïs apparaît vers 1600, ensuite la tomate.
Il y a des plantations massives d’oliviers, de noyers et d’amandiers pour l’huile.
La châtaigne est très consommée. Plantation de mûriers en relation avec l’essor de la sériciculture.

Et comment parlait-on à cette époque ?

En l’an 1492 : Publication du Compendion de l’Abaco, du niçois Francés Pellos, premier livre imprimé en provençal. Il s’agit d’un traité d’arithmétique et de géométrie.
En l’an 1539 : Promulgation de l’édit de Villers-Cotterêts ; François Ier impose que la justice soit rendue et signifiée « en langage maternel français et non autrement ».

Ces calamités passées étaient comme « un gros et espais nuage qui esclate en tonnerres, en gresles et en tempestes » d’après un chroniqueur de l’époque.

A Laudun sur le mur intérieur de l’étroite cour d’une maison du village, située sur le rempart même, on voit une petite pierre taillée en forme de livre ouvert, sur les deux pages duquel a été gravée l’inscription suivante, en menus caractères assez mal formés :

« Vive la foy catholique ! 1588 et le premier de juillet, M. de Montmorency vint, avec les Huguenots, assiga (assiégea) Laudun, et faict tirer 694 volées de canon, sans le prendre, et abattit le pont de Nisson »

Plus léger, une petite poésie de Clément Marot et un poème de Jean Bouchet qui est toujours d’actualité après 500 ans … et qui montre que le bon temps n’est pas encore revenu …

Au 17ème siècle et premières années du 18 ème siècle .

L’autorité royale au cours du siècle.Henri IV, roi de 1589 à 1610. Il pacifie et reconstitue la France ruinée par les guerres de religion et promulgue l’édit de Nantes instaurant la liberté de religion.
Louis XIII, roi de 1610 à 1643. Il soumet les protestants et les nobles et crée le 1er empire colonial français (Inde, Canada, Afrique)
Louis XIV, roi de 1643 à 1715, est le « monarque absolu ». Le Roussillon, catalan puis espagnol depuis presque un millénaire devient français.

L’autorité ecclésiastique régionale

Le siège épiscopal d’Uzès fut occupé par :Louis de vigne(1601-1621) Paul Antoine de Fay de Peraut (1621-1633) Nicolas de Grillé (1633-1660) Jacques II Adhémar de Monteil de Grignan (1660-1674) Michel Phelypeau de la Vrillère (1674-1677) Michel II Poncet de la Rivière (1677-1728)

Le pouvoir localNous avons vu qu’à la fin du XVI siècle Saint André d’Olérargues est en la possession de Charles d’Audibert son fils Jacques d’Audibert premier comte de Lussan lui succède en 1638. Il épouse Jeanne de Grimoard de Beauvoir du Roure. Leur fils Jean d’Audibert deuxième comte de Lussan lui succède en 1674 jusqu’en 1697, il est comte de Lussan, baron de Valcrose, de Saint Marcel de Careiret et de Saint André d’Olérargues.

En 1604, Antoine Dodol achetait à Charles d’Audibert de Lussan la seigneurie de Christol, tout en restant son vassal. Il construisit le château peu avant sa mort en 1632. Celui-ci passa par mariage à la famille de Beaumefort, dont le dernier représentant disparut en 1883. La seigneurie de Christol était devenu un bien roturier et racheté en tant que tel par divers propriétaires.

C’est une longue bâtisse rectangulaire se terminant à l’est par une grosse tour et prolongé à l’ouest par un bâtiment agricole. L’entrée, voûtée en plein cintre, donne sur les pièces d’habitation disposées à droite et à gauche. Dans une salle couverte d’un plafond à la française, se trouve une belle cheminée classique.

Un escalier de pierre monte au premier étage et descend au jardin du côté sud. La façade sur ce jardin, en contrebas, a conservé deux corbeaux qui soutenaient une bretèche au-dessus de la porte et le cul-de-lampe d’une échauguette qui est une petite construction destinée à abriter, dans un château, le veilleur surveillant le pays sur un large horizon. Une échauguette se différencie d’une tour en étant construite attenante à un mur. Une tour est construite à partir du sol.

On constate, qu’Antoine Dodol et ses descendants ont cherché à être anoblis au fil des ans et ils y ont réussi en 1624. Ils ont fait évoluer leur nom de Dodol, d’abord en d’Odol, puis en Odol de St Christol et enfin en Seigneur de St Christol comme nous pouvons le constater dans l’extrait de la délibération du conseil de communauté de 1789, ci-après à la septième ligne.

Figure 121. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
Dans quel état se trouva la région pendant ce siècle ?

La revanche des catholiques.

Le siècle dernier c’était terminé par le massacre de la St Barthélemy, c’était la revanche des catholiques.

Figure 122. Massacre de la Saint-Barthélemy 1572. Voltaire, La Henriade, éd. 1728, chant II, p. 21
Au XVIe et au XVIIe siècle, les diocèses de Nîmes, d’Alais et d’Uzès furent agités par les guerres religieuses. Bien que sans cesse persécutés, les protestants y étaient nombreux.

En 1685, le roi Louis XIV révoque l’Edit de Nantes, une loi qui autorisait les protestants à célébrer leur culte. La religion protestante est donc interdite. Dans certaines régions, les protestants refusent de se convertir au catholicisme. Les Cévennes, région montagneuse du massif Central, est particulièrement rebelle. Le roi envoie des soldats, des dragons, qui sévirent sur le pays. Ce sont les dragonnades. Les curés convertisseurs s’en mêlent et font l’appel aux habitants lors de la messe dominicale pour encourager les dénonciations! C’est beau la tolérance.

Ils en convertirent quelques-uns ; mais le plus grand nombre aima mieux s’expatrier ou souffrir pour ses croyances.
Ce n’était que temples renversés, pasteurs mis à mort ou envoyés aux galères, vieillards, femmes, enfants jetés en prison. Beaucoup se réfugièrent dans les Cévennes ; mais, là encore, l’inquisition les poursuivit, et plus d’un y périt sur le bûcher ou sur la roue.

Figure 123. Les dragons du roi à l’œuvre … Gravure d’époque
Figure 124. Les dragons du roi à l’œuvre … Gravure d’époque
Mais la révolte couve et des protestants se réunissent secrètement dans la montagne, « au désert » comme ils disent, pour des cérémonies interdites et des prêches enflammés. Désespérés, ces montagnards cévenols s’armèrent, les uns de faux, les autres de fourches, d’autres d’épées ou de fusils et, des montagnes de la Lozère, la révolte se propagea dans le pays d’Alais. Ainsi commença la guerre des camisards.

Figure 125.
Comme tous les hommes de parti, les camisards ont été mal jugés : les uns en ont fait des brigands, d’autres des héros, ceux-ci des saints et des prophètes, ceux-là des sacrilèges et des impies. C’étaient de pauvres paysans qui, las d’être rançonnés par le fisc et torturés par les gens de guerre, se battaient pour la défense de leurs biens, de leurs libertés et de leurs vies. Ils en voulaient surtout aux gens d’Église, dont l’intolérance et le fanatisme sollicitaient sans cesse contre eux de nouvelles persécutions. Aussi malheur à ceux qui tombaient entre leurs mains !

De leur côté, les catholiques mirent tout à feu et à sang dans ce pays, n’épargnant ni l’âge ni le sexe. On cite un village où plusieurs femmes enceintes furent égorgées et dont les enfants, arrachés de leur sein, furent portés en procession à la pointe d’un pieu.

On sait que cette guerre d’extermination dura plus de trois ans. Les atrocités furent commises dans les deux camps. Les camisards marchaient jour et nuit, et par bandes ; ils appelaient frères leurs chefs. Jean Cavalier, qui commandait les bandes de la plaine ou du pays d’Alais (Alès), était un garçon boucher à peine âgé de vingt ans. Ardent et courageux, il passait pour un prophète et avait sur ses compagnons un pouvoir absolu. Je renvoie à l’ouvrage du pasteur Henri Bosc : La guerre des Cévennes 1702-1710 ouvrage d’envergure encyclopédique, cette saga « camisarde », fruit de 40 ans de recherches minutieuses l’auteur s’appuie sur un immense travail de dépouillement : pièces officielles, correspondances militaires et privées, actes d’accusation, interrogatoires, mémoires, journaux.

Massacre à Valsauve.

Henri Bosc raconte les excès commis par les deux parties, comme par exemple, dans notre région le massacre des moissonneurs et le viol, les tortures puis le meurtre des servantes et lieuses devant l’abbaye de Valsauve à Verfeuil. Cette troupe de camisards est conduite par Jean Cavalier qui, assit au pied d’un mûrier, donnait ses ordres en admirant le spectacle. Les deux camps dans une atroce escalade commirent des horreurs. Je cite l’auteur « (ce massacre) met une si grande épouvante dans le pays que la moisson a été entièrement abandonnée et tous les catholiques en fuite », ou retranché dans ce qui pouvait être fortifié dans les villages. Il faut imaginer la terreur que ces évènements produisirent sur la population du village et dans les fermes isolées.

Jean Cavalier eut à combattre le maréchal de Montrevel, ce qu’il fit avec succès ; mais il se rendit à Villars. On dit que le grand roi s’étant fait présenter le jeune héros, à la vue de son air chétif et de sa petite taille, il haussa les épaules et lui tourna le dos.

Comment évolue l’agriculture.

Le vignoble progresse. Les vendanges sont plus tardives en octobre. La conservation du vin est meilleure et les exportations possibles. Les distilleries se multiplient. Il y a un recul de la production du blé en Bas-Languedoc. Les blés toulousains parviennent sur le marché de Narbonne et Marseille par le canal du Midi.
L’indigo importé remplace le pastel.
La distillation des plantes aromatiques, thym, aspic, romarin se développe ainsi que la culture maraîchère : salades, artichauts, choux fleurs, persil, melons, aubergines, piments, haricots, concombres, citrouilles.
Cependant la culture de l’olivier recule en Bas-Languedoc dans la seconde moitié du siècle.

Comment parlait-on au XVII° Siècle

Voici deux poésies d’époque, celle de BENSERADE est légèrement coquine.

Au 18ème siècle .

Le pouvoir temporel et national au cours du siècle.

Louis XV, roi de 1715 à 1774. Il perd la « guerre de 7 ans » et tout l’Empire Colonial français (Amérique du Nord, Inde et une partie des Antilles). C’est le début de la domination sans partage de l’Angleterre.
Louis XVI, roi de 1774 à 1793. Le Royaume est victime de graves difficultés financières et pratiquement en faillite. Il apporte une aide décisive aux « Insurgents » des États-Unis qui obtiennent leur indépendance de l’Angleterre. Guillotiné en janvier 1793.
Révolution 14 Juillet 1789
Coup d’état du 18 Brumaire. Un consulat provisoire est constitué :Bonaparte, Sieyès et Ducos en 1799.

La dernière autorité spirituelle régionale.

Les évêques d’Uzès : François II de Lastic de St Jal (1728-1736) Bonaventure de Baüyn (1737-1779) Henry Benoit Jules de Bethizy de Mézière (1777-1792).

Le diocèse comprenait 193 paroisses au XVIIIe siècle, il était l’un des plus étendus du Languedoc jusqu’à la Révolution où l’évêché fut supprimé.
Depuis les origines du christianisme, les évêques détiennent un pouvoir temporel dont l’importance culmine au XIIIe siècle après la défaite du comte de Toulouse lors de  » la guerre des Albigeois « ; mais les évêques doivent compter avec les seigneurs de la maison d’Uzès viguiers du Comte de Toulouse dont l’origine est attestée pour la première fois dans une charte de 1088. Au XIIIe, les évêques, achètent un quart de la seigneurie d’Uzès.

Le pouvoir local à Saint André d’Olérargues

Nous avons laissé Jean d’Audibert à la fin du XVIIe siècle.

En 1697 la seigneurie de Saint André d’Olérargues passe en la possession de Charles de Reynaud de Burguérolles, par vente faite au nom du comte par Marie-Françoise de Raymond de Brignon, épouse et procuratrice de Jean d’Audibert.

Le prix et les intérêts du prix des ventes des terres de Saint André d’Olérargues et de Saint Marcel faites par la maison de Lussan à Charles Reynaud de Burguérolles n’ayant pas été soldés à temps, un décret de saisie fut lancé d’autorité du sénéchal de Nîmes, le décret fut adjugé en 1704 et les terres reviennent à Marguerite-Françoise-Gabrielle d’Audibert comtesse de Lussan jusqu’en 1720.
Elle épouse en 1700 Henry-Fitz-James duc d’Albernale, pair de la Grande Bretagne décédé en 1702 à trente ans, à Bagnols, il était le fils naturel de Jacques II roi de Grande Bretagne!!!
Elle se remarie en secret à Mahony, colonel irlandais, le secret lui permet de conserver le titre de duchesse d’Albernale. Enfin elle épouse en 1719 Jean Drummond duc de Melfort, réfugié anglais. Par ce mariage les de Melfort succèdent aux d’Audibert pour les seigneuries de Lussan, Saint André d’Olérargues, Saint Marcel etc.

En 1720 Frédéric Antoine de Reynaud qui avait succédé à son père Charles, demande la cassation du décret à cause de diverses nullités intervenues.
Après une longue procédure ou chacun laissa « quelques plumes », Frédéric Antoine de Reynaud récupèrent les seigneuries concernées.
La duchesse Marguerite-Françoise-Gabrielle d’Audibert de Melfort mourut à St Germain en Laye en 1741 âgée de 66 ans son époux trois ans plus tard.
En 1737 Paul de Reynaud fils de Frédéric Antoine vend la terre de Saint André à Messire Vivet de Servezan. Voici un extrait de l’acte de vente citant les biens acquis par Vivet de Servesan :

« (…) consistant en un château, des paillers, des sences (ndr : c’est une grande ferme que le seigneur fait exploiter pour son propre compte par un locataire), terres cultes et incultes, jardins, olivettes (ndr : oliveraies) et autres propriétés le tout noble et exempt de toute imposition des deniers royaux, (ndr : les nobles et le clergé étaient exempts de taxes et impots)(…) Comme aussi lui a vendu (…) les sences que les habitants du lieu et autre emphytéotes (ndr : bénéficiaires de baux à long terme) lui servent tant en général qu’en particulier avec les droits de lods » (ndr : taxes seigneuriales prélevées à chaque fois qu’une terre censive était vendue).

Pendant vingt ans, de 1737 à 1758 Messire Vivet de Servezan ne produit aucun document relatif à sa gestion, les Consuls et la Communauté de Saint André d’Olérargues contestent la nobilité foncière du seigneur et réclament une enquête et mettent en suspicion sa probité et sa délicatesse par rapport à sa prétention sur les biens qu’il s’attribue sur le territoire.

Une longue procédure s’ensuit qui ne se terminera qu’en 1772, mais une tendance démocratique et révolutionnaire sous-jacente commence à apparaitre … la révolution de 1789 n’est pas loin. Je reviendrai au Chapitre V sur ce long litige entre la communauté villageoise et le seigneur du lieu.

En 1765, à la mort de Messire Vivet de Servezan il a pour successeurs Madame Elisabeth de Laurens sa veuve et Messire Gabriel de Bruey baron d’Aigalliers son gendre. Ils vont continuer d’entretenir le litige avec les consuls et la communaté.

En 1770 c’est François de Brueys, dit le baron de St André qui a 19 ans, émancipé par son père, lui succède. Il est page du Roi, capitaine au régiment d’Angoumois, mort en 1804 à Tresques.

Il vend, sans que nous puissions préciser exactement la date, mais vraisemblablement avant 1789, la terre et la seigneurie à Messire Bruneau d’Orgnac Baron de Verfeuil.
Le pouvoir local s’achève avec Dame de Niel de Verfeuil veuve de Bruneau d’Orgnac en 1816. La seigneurie ayant perdu ses droits de nobilité foncière par l’abolition des privilèges la nuit du 4 août 1789, elle devient une terre roturière et est vendue comme telle en plusieurs parcelles.

En 1816 après des démêlées avec les habitants de Saint André d’Olérargues Dame de Niel de Verfeuil veuve d’Orgnac vend le château et des terres en bien roturier aux Sieurs Jean et Antoine Lauron habitants à Saint André d’Olérargues qui se partagent par moitié, de haut en bas le château.

Le bien passera aux mains d’autres propriétaires par héritage et par vente, mais n’aura plus aucun droit et privilège de noblesse, ainsi Antoine Tessier acquiert une partie des terres au même moment. Le château reste dans la descendance des Lauron jusqu’à André Dumas qui le vendra à Pascal Bono en 2002, qui a le projet de réhabiliter la bâtisse au plus près de sa forme d’origine.

Dans quel état était la région pendant ce siècle ?

Je renvoie ici à l’excellente étude de Monique Frach Descazaux: Vivre à la Roque sur Cèze entre Cévennes et Provence au XVIII° siècle– 2011, EDITIONS DE LA SADREUSE. L’auteur raconte un siècle de vie quotidienne de la communauté de ce village.

Ni la révocation de l’édit de Nantes, ni les odieuses dragonnades n’avaient résolu la question des protestants. D’ailleurs, les Camisards se chargèrent, de ramener l’attention sur eux au début du siècle. Des cris de douleur s’élevèrent encore de toutes les parties du diocèse d’Uzès, où de nouveau les habitants étaient égorgés sans pitié et les églises incendiées et détruites. Cavillargues, Fontarèche, Saint-Laurent-la-Vernède, Goudargues, Saint-André-de-Roquepertuis, Verfeuil, éprouvèrent la redoutable visite des religionnaires, pendant que tous les bourgs et villages voisins se hâtaient de réparer ou de relever leurs remparts, qu’ils avaient fini par croire inutile.

Ainsi Connaux emprunta 500 livres, le 18 novembre 1703, pour réparer ses murailles; Laudun, 800 livres pour la même cause, en 1702 ; Saint-Paulet-de-Caisson faisait travailler aux siennes en 1702 et 1704 etc. Bagnols fit également reconstruire une partie de ses remparts en 1704. Pour mesurer complètement l’étendue du désastre, il faudrait des états de situation des églises après chacune des guerres civiles, il serait nécessaire d’avoir en main les visites pastorales entreprises par les évêques d’Uzès. Ces précieux documents paraissent avoir été détruits. On en a conservé quelques-uns pour le diocèse de Nîmes : il n’y est question que de chapelles abandonnées, d’églises ruinées, d’oratoires disparus. Après ces sanglantes guerres, les pays de Nîmes, d’Alès et d’Uzès jouissent d’un long repos ; mais la Révolution y vint réveiller les anciennes passions religieuses : l’histoire du département compte à cette époque de tristes pages.

La Révolution épargna généralement les anciens édifices religieux de la région. Il y eut cependant quelques destructions, ne serait-ce que les voûtes des églises de Laudun et de Goudargues.

À la veille de la Révolution française, 80 % de la population française est rurale, dont 60 % sont paysans et 40 % vivent de l’artisanat et de l’industrie.

Concernant la propriété, 50% des terres cultivées appartiennent aux nobles et au clergé, et 50% aux paysans, souvent lié à la terre qu’ils travail par un bail emphytéotique (bail de longue durée souvent de 99 ans). Cependant, ces chiffres varient d’une région à l’autre et ne représentent qu’une moyenne sur l’ensemble du territoire. D’une manière générale, les paysans possèdent des terres moins bonnes que les classes privilégiées. Beaucoup possèdent très peu : les trois-quarts possèdent moins de 2 hectares. Les très grandes propriétés individuelles sont également rares. L’exploitation des terres se fait de trois façons :

• le faire-valoir direct : le paysan propriétaire de sa terre la cultive lui-même avec sa famille. L’autosuffisance pour une famille est assurée à partir de l’exploitation d’une terre de 5 hectares environ.

• le faire-valoir indirect : le paysan loue les terres à un propriétaire (bourgeois, noble, communauté ecclésiastique) selon deux modes :
o en fermage, c’est-à-dire contre un loyer fixe dénommé le plus souvent cens, et parfois de services comme la corvée ;

o en métayage, qui correspondait la plupart du temps à un partage à moitié-fruit de la récolte (ou environ), ce partage pouvant s’accompagner de corvées et de redevances fixes.

Evolution de l’agriculture

Ce siècle voit l’essor de la viticulture. En Toulousain le pastel est abandonné et remplacé une tentative d’introduction du coton. Il y a une diminution progressive du seigle et du méteil (mélange de blé et seigle) au profit de diverses sortes de blés. La pomme de terre est implantée vers la fin du siècle ainsi que les raves. Il y a une extension des prairies artificielles quand les terrains s’y prêtent.

Que peut-on dire de St André d’Olérargues ?

En 1764 Louis XV fait une déclaration qui encourage et donne des avantages à ceux qui assèchent ou défrichent des terres incultes. Ils sont exempts d’impôts et ont la jouissance officielle de ces terres. Cette déclaration permet a beaucoup de régulariser leur situation vis-à-vis de terre qu’ils cultivent, pour leur compte, plus ou moins légalement et pour les autres de déclarer leurs terres en anciennes terres incultes qui leur permet d’être libérés de l’imposition.

Voici un extrait de la déclaration du Roi :

Puis au 2ème et 3ème siècle av. JC, les Romains conquièrent la région. Au 4ème siècle les Wisigoths prennent possession à leur tour de la contrée. A partir du 5ème siècle, Francs et Wisigoths se disputent le Sud, alors que les Huns venus du cœur de l’Asie repoussent les autres peuples au nord. Puis c’est le tour des Francs qui se présentent tels des barbares païens et violents alors que les Wisigoths sont des chrétiens ariens. Les Wisigoths ont gardé les structures Romaines en place, se servant de la monnaie, de l’écriture, de l’architecture et d’autres acquis romains. A partir de 7ème siècle jusqu’au 10ème, ce sont les incursions musulmanes. Les Sarrasins remontent d’Espagne et envahissent le pays

Déclaration du Roi.

Et voici un extrait des déclarations des habitants de St André d’Olérargues au Greffe de la Justice Royale de Bagnols, pour être en règle.

Figure 126. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
On trouve ainsi sur le même document les déclarations de Joseph Vignal, Antoine Tréfors, Jean André, Pierre Labeille, Pierre Frach, Michel André, Joseph Ponsonnet, Joseph Doumergue, Simon Soulier fils de feu Paul, M de La Place, Estienne Frach, Jean Frach fils d’Estienne, Pierre Guillaume Prade, Jean Clastre, Jean Lauron fils d’Estienne, François Lauron dit Guillaumette, Marc Prade, Joseph Prade fils de Jean, André Tessier, Jean Vignal, Jean Mégier, Jacques Roman, Jean Sagnier …etc.

Malgré tout, la vie au village est toujours aussi difficile, je parlerai notamment de la mortalité infantile dans le chapitre V. Les conflits avec le seigneur continuent. Voici ce qu’écrit l’avocat de la communauté dans un inventaire juridique à l’attention de la Cour des Comptes, Aydes & Finances de Montpellier. Je cite l’extrait :

« Les habitants de la communauté dud (ndla : du dit) St andré d’oleirargues sont des plus misérables et la cause de leur misère vient de ce que les revenus de leurs biens suffisent à peine pour payer les charges qui sont considérables. La surcharge prend pour origine de ce que les Seigneurs dud lieu ont été de tous temps les maitres dans (suite page suivante) …

Figure 127. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
…. cette communauté, qu’ils ont nommé pour Consuls leurs fermiers ou domestiques qui leur ont livré le Compoix et généralement tous les titres de cette Communauté et qu’ils jouissent leurs biens fonds noblement quoique roturiers.
Le Seur
 (ndla : le seigneur) partie adverse a suivi l’exemple de ses prédécesseurs, le nommé Roman son fermier qui habite dans le château a resté plus de quinze années consul, il eut par le secours de ce consul le Compoix, les habitants en ont été privés depuis 1743 et ce n’est qu’après un arrêt de la cour rendu contradictoirement avec ….

Je traiterais la suite de cette saga dans le Chapitre V. Admirons au passage la belle écriture …

Figure 128. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
La taille est déterminée à partir du cadastre (du compoix en Languedoc) qui indique la surface et la valeur des terres de chaque communauté. Un noble sera taxé seulement sur ses biens roturiers, un roturier en sera exempté sur ses biens nobles. On comprend à la lecture du document ci-dessus que le seigneur du moment à St André d’Olérargues Louis André de Vivet de Servezan avait tout intérêt à confisquer et à falsifier (comme nous le verrons au chapitre V) le compoix afin de déclarer que tous ses biens étaient nobles donc exempts de « taille » et ceux de la communauté étaient roturiers donc « taillable ».

Pendant ce siècle les propriétaires successifs de la seigneurie ont été nombreux comme nous l’avons vu précédemment. Jusqu’à la Révolution ils essayèrent tous, coûte que coûte, de conserver la nobilité de leurs biens. L’église et les terres rattachées étaient restées à la collation des évêques d’Uzès, puis deviennent propriété communale après la révolution.

C’est aussi à la fin de ce siècle que la seigneurie disparut en tant que telle au profit de plusieurs petits propriétaires fonciers. Les périodes de troubles et de révolution, de tous temps et de tous pays, et encore aujourd’hui, sont propices aux plus malins et aux plus opportunistes, moyennant quelques pressions ou menaces, pour s’accaparer un bien. Gageons que certains ont su faire ces pressions pour entrer en possession des manses qu’ils exploitaient en censive d’autant que les autorités révolutionnaires n’étaient pas favorables aux plaintes de la noblesse restante.
C’est aussi à cette période que disparait la « paroisse » en tant qu’entité administrative au profit de la constitution d’une commune laïque. Je rentrerais plus en détail sur cette notion de paroisse et de commune dans le chapitre V.

Pendant la période qui suivit la Révolution, les paroissiens hébergèrent le père Antoine Pellier, qui desservit Saint-Marcel-de-Careiret jusqu’au moment de sa captivité et de son exil dans une île de l’Océan. Plus connu sous le nom de Père Chrysostôme, capucin de Barjac ; il s’illustrera pendant toute la période révolutionnaire et fondera sur la commune du Chambon un séminaire où il mourra le 10 décembre 1819.

Organisation administrative de la commune de St André d’Olérargues en cette fin de XVIII ° siècle.

Nous avons vu que la commune était administrée jusqu’à la révolution par un conseil de paroisse présidé par deux Consuls élus ou réélus pour une année.

Comment se passaient ces réunions de conseil ?

Sur le document ci-après qui est sans doute une des dernières délibérations du conseil sous cette forme, nous allons voir comment commençait cette réunion. Le rassemblement se faisait au son de la cloche et dans l’église.

Je transcris : « Délibération – L’an mil sept cent quatre-vingt-neuf et le treizième jour du mois de mars avant midy en assemblée convoquée au son de la cloche en la manière accoutumée sont comparus dans l’église paroissialle du lieu de St andré d’oleirargues et par devant Pierre Lauron premier consul, Louis Fontanille, Etienne Lauron, Mutus André, Joseph Prade, Joseph Sauze, Louis Baylesse , Antoine Teissier, André Lauron, Pierre Sauze, André Teissier, François Saux, Jean Clastre ,Antoine Mazan, Etienne Frac, Laurent Nouguier, Jean Vignal, Jean André, Jean Falabrègues, François Arutien, Louis Begon, Joseph Puget, Joseph Jouvanel, Jean Sagnier, Joseph André, Jean Dardillon, Etienne Costes, autre Joseph Prade, les autres absents quoique dument convoqués tous nés français ou naturalisés, âgés de vingt-cinq ans, compris dans les rôles des impositions habitant de cette communauté composée d’environ trente feux lesquels, pour obéir aux ordres de sa majesté portée par les lettres données à Versailles …etc. » .

Figure 129. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
Après la révolution, l’administration de la commune est confiée à un maire et un conseil municipal laïc, qui n’a plus rien à voir avec l’administration de la paroisse, même si les mêmes personnes s’en occupent …

La mise en place de ce mode d’administration communal ne s’est pas faite du jour au lendemain.

La constitution du 22 frimaire an VIII (13 décembre 1799) revient sur l’élection du maire, les maires sont nommés par le préfet pour les communes de moins de 5 000 habitants.

À compter du 2 pluviôse an IX (22 janvier 1801) le maire est chargé seul de l’administration de la commune et les conseillers ne sont consultés que lorsqu’il le juge utile. Le maire exerce ce pouvoir absolu jusqu’en 1867 !!

La Restauration instaure la nomination des maires et des conseillers municipaux. Après 1831, les maires sont nommés (par le roi pour les communes de plus de 3 000 habitants, par le préfet pour les plus petites), mais les conseillers municipaux sont élus pour six ans.

Du 3 juillet 1848 à 1851 Seconde République les maires sont élus par le conseil municipal pour les communes de moins de 6 000 habitants.
Les maires des chefs-lieux d’arrondissement, de département et des villes de 10 000 habitants et plus, continuent d’être nommés par le préfet.

De 1851 à 1871 Second Empire, les maires sont nommés par le préfet, pour les communes de moins de 3 000 habitants et pour 5 ans à partir de 1855.

A partir de 1871 dans un premier temps, le système napoléonien est conservé avec des modifications opportunistes.
Les maires sont élus par le conseil municipal.
Pour les chefs-lieux (du département au canton) et les villes de plus de 20 000 habitants, le maire reste nommé par le préfet. Cette situation permet au personnel politique de procéder à des révocations en masse dans la perspective d’élections nationales !

Voici une des premières délibérations du conseil général de la commune de St André d’Olérargues avec son maire, mis en place après la Révolution, la forme est différente; je transcris :

« Délibération – L’an mil sept cent quatre-vingt-onze et le vingtième jour du mois d’octobre, avant midy le conseil général de la commune de St andré d’oleyrargues assemblé sur la forme ordinaire par devant Sieur Pierre Lauron maire présents et délibérant Sieurs André Teissier, Etienne Laurent officiers municipaux et Jean André, Jean Sagnier François Carretier, Mathieu Coste notables et louis Begon Procureur de la commune auquel conseil a été exposé par nous Sieur le maire qu’il aurait pris en connaissance une pétition et pièces présentées …etc. »

Figure 130. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
Sur la page suivante, un extrait de la carte de Cassini ou carte de l’Académie de la région, c’est la première carte générale et particulière du royaume de France. Il serait plus approprié de parler de carte des Cassini, car elle fut dressée par la famille Cassini, principalement César-François Cassini et son fils Jean-Dominique Cassini au XVIIIe siècle. Un travail colossal de toute un vie.

Figure 131. Carte Cassini.
Quelques remarques sur la carte ci-dessus établie à partir de 1756.

– Le ruisseau de Vionne s’appelle alors, Viole ; l’Aiguillon s’appelle l’Aguillon et l’Avègue dans le vallon de Verfeuil s’appelle la Davègue. Il est curieux de constater qu’en un peu plus de 150 ans les noms de ruisseaux et de lieux ont évolué. Le village s’appelait St André d’Oléirargues et on disait St Marcel de Carreret et non de Careiret comme aujourd’hui. Le Cellier s’écrit avec un « C ». Sont-ce des erreurs typographiques ou de langage ? Je ne saurais dire.

– Il y a peu de surfaces boisées, le bois de Goudargues, celui de la Roque et le bois de St Laurent avec une langue qui remonte vers le nord sur la rive gauche du ruisseau de Cuègne. La rive droite étant plantée de vigne.

– La majeure partie des terrains est plantée de vignes vers le sud jusqu’à St Marcel, à l’Est jusqu’à Chistol et au Nord vers Vilgoutres et Toupian.

Comment parlait-on au XVIII° Siècle.

Poème de l’abbé de Latteignant (1698-1790).

Le mot et la chose

Madame, quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose ?
On vous a dit souvent le mot,
On vous a souvent fait la chose.
Ainsi de la chose et du mot
Pouvez-vous dire quelque chose,
Et je gagerai que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose !

Pour moi, voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose :
J’avouerai que j’aime le mot,
J’avouerai que j’aime la chose :
Mais, c’est la chose avec le mot
Et c’est le mot avec la chose ;
Autrement, la chose et le mot
A mes yeux seraient peu de chose.

Je crois même, en faveur du mot,
Pouvoir ajouter quelque chose,
Une chose qui donne au mot
Tout l’avantage sur la chose :
C’est qu’on peut dire encore le mot
Alors qu’on ne peut plus la chose…
Et, si peu que vaille le mot,
Enfin, c’est toujours quelque chose!..

De là, je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose,
Que l’on doit n’ajouter un mot
Qu’autant que l’on peut quelque chose
Et que, pour le temps où le mot
Viendra seul, hélas, sans la chose,
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose!

Pour vous, je crois qu’avec le mot
Vous voyez toujours autre chose :
Vous dites si gaiement le mot,
Vous méritez si bien la chose,
Que, pour vous la chose et le mot
Doivent être la même chose ;
Et, vous n’avez pas dit le mot,
Qu’on est déjà prêt à la chose.

Mais, quand je vous dis que le mot
Vaut pour moi bien plus que la chose
Vous devez me croire, à ce mot,
Bien peu connaisseur en la chose
Eh bien, voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose :
Madame, passez-moi le mot …
Et je vous passerai la chose !

Au 19ème siècle .
Le pouvoir temporel et national au cours du siècle. Napoléon I (1805-1814) Louis XVIII (1814-1830) Louis Philippe (1830-1848) II° République (1848-1851) Napoléon III (1852-1870) III° République (1870-1914)Dans quel état était la région pendant ce siècle ?

Le XIXe siècle aura à se reprocher d’avoir abattu peut-être autant d’églises romanes à lui seul que tous les siècles précédents. Stimulé par de pieux évêques, le clergé du Gard s’est, préoccupé d’élever des monuments plus somptueux que ceux qui lui avaient été légués par le passé. Malheureusement, il ne s’est pas contenté d’édifier : il a beaucoup démoli, sans avoir égard aux souvenirs qui s’attachaient aux vieux murs qu’il renversait. Cela a été le cas pour les églises de Cavillargues, Codolet, Gaujac, Goussargues (hameau de Goudargues), la Bastide-d’Engras, Orsan, Saint-Marcel-de-Careiret, Saint-Nazaire, Saint-Paulet-de-Caisson, Saint-Pons-la-Calm, Verfeuil.

Plus heureuses, celles de Carsan, du Saint-Sépulcre à Cavillargues, de Colombiers, Connaux, Le Pin, Saint-Alexandre, Saint André d’Olérargues, Saint-Étienne-des-Sorts, Saint-Gervais, Saint-Paul-lez-Connaux et Tresques ont pu conserver quelques-unes de leurs parties anciennes, après avoir éprouvé toutefois des pertes irréparables

Au XVIIIe siècle et au XIXe siècle, le Gard connaît un impressionnant essor. De grandes manufactures de tissus se développent notamment en Cévennes — ainsi, et ce n’est pas une légende, les premiers jeans furent réalisés à Nîmes avec une toile résistante, d’abord conçus pour les bergers cévenols et pour les marins Génois, ensuite pour les colons de l’ouest américain, chercheurs d’or et « cow-boys ». D’où les termes « Jean Denim (Gênes) (De Nîmes)». Des métiers à tisser cette toile sont visibles au Musée du Vieux-Nîmes.Bientôt la production d’étoffes et du bas de soie s’exporte en Europe et aux Indes espagnoles. Les deux tiers de la population active de Nîmes sont employés dans le textile. La ville et le département s’enrichissent. Le Gard change. Voilà qu’apparaissent de superbes hôtels particuliers dans les villes et villages, voilà que se dessine un renouveau urbain. L’industrie de la soie se reconvertit dans la confection de châles grâce aux premiers métiers Jacquard initiés par Turion, un ouvrier nîmois. Trente années de réussite fulgurante placent le Gard et Nîmes l’industrielle à un rang européen.

Mais la concurrence lyonnaise est rude en cette deuxième moitié du XIXe siècle. Très vite, avant de perdre de l’argent, on réinvestit les capitaux du textile dans le vignoble. La culture de la vigne est facilitée par la construction du canal du Midi, le transport du vin et du charbon des Cévennes par celle du chemin de fer, très développé dans le Gard dès la moitié du XIXe siècle.

En 1863, la ville gardoise de Pujaut est le premier foyer européen d’infestation du phylloxéra.

Passée la crise du phylloxéra, c’est une nouvelle ère de relative prospérité. Les villes se couvrent d’hôtels particuliers. Enfin, la gare centrale du Gard à Nîmes devient le centre de transit du charbon cévenol vers Beaucaire, le Rhône et Marseille. Mais ce charbon est vite concurrencé par le charbon venu d’Angleterre et la population finit par stagner vers 1900. Ce département a toujours été inspiré par de multiples cultures, ceci étant notamment dû à sa situation géographique exceptionnelle à mi-chemin de l’Italie et de l’Espagne : la culture latine, provençale, protestante, cévenole, camarguaise, languedocienne.

Que peut-on dire de St André d’Olérargues ?
Figure 131-1. Cadastre « napoléonien ». Archives communale
En 1802 – Début de siècle, le maire et son conseil délibère, ci-après un extrait de la délibération du jour (première page) :
Figure 132. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.
Je transcris :

« Extrait des registres de délibération de la Commune de St andré D’olérargues 2° arrondissement du Gard.
Du douzième fructidor an dix de la république française le citoyen maire ayant extraordinairement convoqué le Conseil de la Commune en exécution de la circulaire du préfet du vingt un thermidor dernier ; il s’est trouvé composé des citoyens Vignal Maire, Soullier adjoint, Vallat André, Antoine Teyssier, Louis Begon, Pierre Lauron, André Frach, Antoine Mazan, Joseph Prade, et Etienne Laurent conseillers. Le citoyen maire a exposé au conseil qu’il était question de s’occuper attentivement des Instructions contenues dans la circulaire précitée relativement à la rédaction du tableau des dettes actives et passives de la commune et l’état des dépenses annuelles ; a fait lecture de la lettre et a requis le conseil de délibérer.
Sur quoi le conseil a mis en délibération que ladite commune n’a d’autre revenus annuels que la ferme du four commun qui par la liberté qu’ont les habitants de cuire ailleurs se trouve réduite à une très modique somme année commune, quoi qu’elle se porte pour l’année courante à cent vingt-cinq francs 125-00.
A été de plus délibéré que la commune se trouve débitrice envers le citoyen Gabriel Charavel d’une somme de cinq cent quarante-cinq francs liquidée en sa faveur par arrêté définitif du département du Gard …cy ….545 Francs.

Etat de la démographie locale.

La population est nombreuse et supérieure en nombre à ce qu’elle est aujourd’hui, même si la quantité de familles est bien moindre. Par voie de conséquence le nombre de maisons est moindre aussi. Au recensement de 1846 il y a 450 personnes pour 102 familles. A l’étude du registre des naissances/baptêmes-mariages-décès on remarque que la mortalité infantile est très importante et que globalement on ne vit pas vieux.

Tableau récapitulatif des naissances mariage et décès autour de cette année de référence 1846

On constate : 80 naissances en 5 ans soit plus d’une par mois, 18 mariages, 17 décès d’enfant de moins de 13 ans, 16 décès de moins de 70 ans et environ seulement 1 personne par an seulement dépassait les 70 ans.

Qu’est-ce que les autorités départementales pensent du village ?

En 1842 – Hector RIVOIRE publie un ouvrage intitulé Statistique du Département du Gard. Il est Chef de Division à la Préfecture, cet ouvrage est publié sous les auspices de M. le Baron de Lessaint Conseiller d’Etat et Préfet du Gard.

Voici ce qu’il dit du village :

Figure 133. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales.

En 1856 – Le paléontologue et géologue français EMILIEN DUMAS dans son «Itinéraire minéralogique des communes du Gard» publié en intégralité seulement en 1876, nous dit dans le paragraphe consacré à la commune, je cite :

« André-d’Olérargues (Saint-). (CANTON DE LUSSAN)

 

Altitude 224 mètres

Superficie : 974 h.

Grès vert : étage cénomanien, du grès rouge lustré, Pauletien et Turonien.
Concession de Lignite dite de St Saint André-d’Olérargues – six couches dont la seule exploitée a 0 m 375 d’épaisseur ; l’extraction se borne à 2.200 quintaux environ ; affleurement de fer sur le chemin de grande vicinalité n°23 : ce fer parait peu riche.

Au hameau de Cellier on extrait, de l’étage de lignite, de belles dalles très régulières employées pour marches d’escaliers, qui sont indestructibles.

Cette commune manque d’eau : elle est alimentée par un seul puits public, creusé dans le gault, qui tarit quelques fois à l’étiage. Les habitants sont alors obligés d’aller chercher l’eau à une très petite fontaine qui surgit du gault, dite la Martinenque, située à 150 mètre du village.»

 

Je reparlerai de la concession de lignite dans le paragraphe V.

L’auteur signale aussi que la commune manque d’eau. Il y avait en effet un seul puits public et deux ou trois puits privé que l’on retrouve dans le village et qui sont creusés dans la même nappe phréatique. Il mentionne aussi une petite fontaine que je situerai en contre-bas du village où se trouve une source dans la propriété actuelle de La Treille Muscate. On mentionne en effet dans le compoix de 1633 l’appellation du chemin qui passe devant le château est « Chemin de la fontaine des vignes » et en 1834 sur le cadastre on trouve noté « Chemin de la fontaine » pour la rue qui passe devant l’actuelle Mairie. Ces deux chemins se rejoignent au même endroit à la Plaine de Molière.

Il y a aujourd’hui une rue de la Fontaine qui est une appellation très récente et qui a été motivée par la présence de la fontaine face au lavoir. Laquelle fontaine date d’environ 1850 du XX° et est alimentée par la source captée de la Font de Vendras.

Figure 134. Extrait du cadastre de 1834 et dessin de l’auteur d’après ce cadastre.
Figure 134-1. Photo Géoportail actuelle.

 

On remarque sur l’extrait cadastral sur le coté de l’église, qu’il y a seulement l’excroissance du presbitère. La chapelle de la vierge n’existe pas encore.
Il a été trouvé, lors des dernières restaurations de l’églises, une liste 128 noms sur deux feuillets recto verso pliés en huit et cachés entre les pierres de l’extension de l’église faisant une chapelle à la vierge.
Cette liste datée du dimanche 15 octobre 1893 est intitulée « souvenir de la bénédiction de la chapelle de la vierge ».

Ces deux faits tendraient à prouver que cette modification de l’église romane initiale a été réalisée entre ces deux dates et sans doute plutôt vers la fin du siècle.

La fontaine et le lavoir, donc en 1856 il est constaté que la seule alimentation en eau du village est le puits du château. En 1870 dans un compte rendu du conseil municipal concernant le budget il y a une ligne concernant « l’entretien de la fontaine, du puits et du lavoir ». Ceci signifie que ces équipements ont été installés entre 1856 et 1870.

La source qui alimente la fontaine a été captée à la Font de Vendras, à près de 1 km du centre du village. Cette source est captée dans une salle creusée dans le rocher un bout d’une galerie de plus de trente mètres.

Figure 135. Dessin de l’auteur.
Figure 135-1. Photo de l’auteur.
Figure 135.2. Photo de l’auteur.
En 1882 – L’état encadre la gestion des églises et les communautés paroissiales dont les représentants s’appellent le Conseil de fabrique ou plus couramment La Fabrique.

La fabrique, c’est le temporel de la paroisse, les biens et les revenus affectés à l’entretien d’une église paroissiale. Mais le terme désigne aussi l’organisme chargé de le gérer.
Celui-ci est constitué d’une ou plusieurs personnes élues par l’assemblée des paroissiens, nommés marguilliers ou fabriciens. Il est élu pour un an. C’est souvent un notable, à cause des devoirs d’assistance incombant à la paroisse et des risques encourus. Les marguilliers rendaient leurs comptes à leur sortie de charge.

La fabrique percevait des recettes pour l’entretien de l’église et les frais de culte. Ses biens, considérés comme biens de l’église, étaient inaliénables.
Ses revenus provenaient de « biens extérieurs » (par exemple des maisons ou des terres affermées, cens en argent ou en nature, rentes issues de donations pour les paroisses les plus riches), ou de « biens intérieurs » tels que casuel (Offrandes faites à l’occasion des sacrements), quêtes ou offrandes, location de bancs et des chaises, utilisation des cloches, tentures et ornements. La fabrique réglait le tarif des bancs, le balayage, le service des inhumations, la nomination d’un commissaire des pauvres.

Ci-après, lettre de Monsieur le ministre des cultes aux préfets communiquée par l’Evêché aux paroissiens.

Figure 136. Numérisation de l’Auteur. Archives paroissiales.
Figure 137. Numérisation de l’Auteur. Archives paroissiales.
Voici un extrait de registre de tenue de compte de la Fabrique en 1843
Figure 138. Numérisation de l’Auteur. Archives paroissiales.
Une école de filles au village !

En 1888 le curé de la paroisse l’abbé Serre scandalisé que les garçons et les filles soient mélangés dans une même école, crée une école de filles au village. Ouf! Merci Monsieur l’abbé ! Il écrit la déclaration suivante :

Figure 139. Numérisation de l’Auteur. Archives paroissiales.
 

Pour résumer, au cours de cette fin de siècle, la population de la commune atteint un pique, l’église est agrandie, une fontaine coule au centre du village et une école de fille est créée.

CARTES ETAT MAJOR DU 19° SIECLE

On appelle « Carte d’Etat Major car c’est le service des armées qui la établit à l’origine. Les militaires prenaient conscience qu’en cas de conflits international il n’existait pas de carte permettant aux armées de s’orienter dans le pays.

Quelques remarques sur la carte ci-après datant d’environ 1830.

– Les noms des villages sont conformes à l’orthographe actuelle.
– On retrouve les hameaux et lieudits comme Mas Blanquet, la Bégude, St Christol, l’Abeilland, la Fumade, mas du Cellier, mas des Gants
– Par contre le mas Vaquier n’existait pas en 1830.
– On remarquera aussi qu’il y a trois lieudits « Vignal » : 1 aux Pièces Longues, 1 à l’Abeilland et 1 mas Vignal au niveau de l’actuel lieu-dit Berben. Ceci devait représenter les propriétés d’une grande famille.
– Il y a aussi un lieu-dit « Feath » qui a une consonance très anglo-saxonne ce qui était rare en France en 1830. Ce lieu est situé sur la route de Christol au-dessus du lavoir et doit correspondre à la ruine que se trouve au milieu des vignes. Je me demande si ce n’est pas une erreur de transcription. Il y a plusieurs lieudits issus de noms de familles comme par exemple Lauron, Bayle, Malon, Vignal, il se pourrait que le nom soit Frach et non Feath, il y avait à cette époque plusieurs familles Frach. C’est le même nombre de lettres et le F, l’A et le H sont à la bonne place.
– On remarque aussi que la route de Bagnols vers Ales passait dans le centre de St Marcel de Careiret.

Figure 140. Numérisation de l’Auteur.
Comment parlait-on au XIX° Siècle.

GEORGE SAND (1804-1876) & ALFRED DE MUSSET (1810-1857)
Échange de textes des deux auteurs.

De George Sand à Alfred de Musset… à lire … puis à relire une ligne sur deux…

 

Cher ami,
Je suis toute émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l’abandon où je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.
Votre poupée

D’Alfred de Musset à George Sand « …et en alexandrins, s’il vous plait ! »

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un cœur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

De George Sand à Alfred de Musset

Cette insigne faveur que votre cœur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.

Au 20ème et 21 ème siècle.
Que devient St André d’Olérargues en ce début de 20ème ? La vie suit son cours avec ses heurts, ses malheurs et aussi ses bonheurs. Je ne m’étendrais pas sur ces siècles trop près de nous pour avoir des choses intéressantes à en dire.

Vue du village avant la construction du château d’eau.

Figure 141. Numérisation de l’Auteur. Collection personnelle. .
Figure 142. Numérisation de l’Auteur. Collection personnelle.
Voici une photo de la place du Courton au début du siècle. Cela ne transpire pas la richesse !L’église.
Le 20ème siècle a eu son lot de guerres et de souffrance.

Guerre de 14-18

Le samedi 1er août 1914 tous les clochers de France sonnent le tocsin pour annoncer la mobilisation générale. Tous les hommes âgés de 21 à 45 ans sont incorporés, les plus jeunes dans l’armée active ou sa réserve, les plus âgés dans les régiments territoriaux ou leurs réserves ; très vite il n’y eut plus de différences entre ces régiments. Pour éviter la pénurie d’hommes, la classe 1914 est rapidement appelée par anticipation, deux mois avant la date prévue.

Ensuite, chaque année fut appelée une classe, mais toujours avec 11 mois d’avance pour la classe 1915 et plus d’un an et demi d’avance pour les classes 1916 à 1919 sur la date théorique d’incorporation. Ainsi, au lieu d’avoir 20 ans au moment de leur incorporation, les recrues n’en avaient que 18 ou 19.

En majorité paysans, certains ne parlent que le patois de leur région, ils partent sans finir les moissons, avec l’espoir de revenir rapidement. Bien des femmes restent seules, à faire tourner la ferme avec la charge des vieillards et des enfants en bas âge.

A la mobilisation, l’uniforme français en vigueur est totalement dépassé pour la guerre moderne. Les soldats sont affublés d’un képi et d’un pantalon rouge garance qui fait d’eux des cibles idéales pour la mitraille allemande. Leurs équipements sont inconfortables et inadaptés.

Ces humbles combattants se sont illustrés durant les batailles meurtrières de la Marne, de Verdun … et beaucoup, dont les noms figurent sur les monuments aux morts des villages, y laissèrent leur vie, morts pour la France : tués à l’ennemi, décédés des suites de leurs blessures ou disparus sous les bombes.

À St André d’Olérargues, 18 hommes jeunes ont perdu la vie dans ces combats, un nombre important environ un quart de la population mâle qui disparaît ainsi, laissant des veuves et des orphelins.

Je citerai seulement en hommage le nom des 18 jeunes hommes du village avec ce qu’on sait d’eux aujourd’hui. Ils sont morts au champ dit d’honneur, qui a plutôt été un champ d’horreur pour la plupart.

Amouroux Louis Paul.

Né à Goudargues le 16-07-1896. Soldat du 415e Régiment d’Infanterie.

Mort pour la France à 20 ans. Disparu au combat le 28- 05-1916 à Douaumont (Meuse).

Frère de Lucain ?

Figure 142-1. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-2. Région de Douaumont
Numérisation de l’Auteur de la page 2 de la revue Le Mirori N°122. Collection personnelle .
Témoignage du capitaine commandant le bataillon de Louis Amouroux:
« Le dimanche 28 mai, dans la nuit, après quatre jours de tunnel, nous remontions en ligne.
Le bataillon devait se tenir en réserve au « ravin des Abris », lequel se trouvait à l’entrée du ravin des Fontaines, plus justement appelé par les poilus « ravin de la Mort. » Le ravin des Fontaines aboutissait, on se le rappelle, à l’entrée du défilé de Vaux. Ainsi placés, nous pouvions, selon les besoins, nous porter, soit au secours du fort à l’est, soit au nord à la rescousse de la garnison des tranchées défendant l’accès du défilé tranchée de la voie ferrée (que j’avais occupée précédemment) et tranchée de la digue de l’étang de Vaux.

En attendant, chaque nuit, nous devions fournir des corvées de travailleurs ou de transport de munitions.
Ces corvées, au milieu de ce terrain bouleversé d’entonnoirs et perpétuellement battu par les obus des deux artilleries, s’accomplissaient dans des conditions effroyables.

20h40. Nous fournissons cette nuit une corvée de 54 hommes pour aller travailler au boyau entre la Digue et R1.
Les ordres sont donnés ; la corvée se rassemble à la carrière, au-dessus du poste de commandement.
A peine suis-je rentré, explosion formidable qui secoue tout le gourbi.
Dubuc , à bout de souffle, dévale dans la cagna.
Mon capitaine ! Mon capitaine !
Du dehors viennent des cris, des gémissements « A moi ! »
Dubuc a repris haleine.
Un obus vient de tomber sur les hommes de la corvée ! C’est épouvantable! Je vais faire ramasser les blessés.
Il se lève; Rouzeaud, qui est de jour, le suit. Il me semble qu’un coup de massue s’est abattu sur moi. Je gagne la porte du gourbi.
C’est à deux pas, derrière le PC. Il fait une nuit noire à ne pouvoir mettre un pied devant l’autre.
Tout à coup jaillit la clarté d’une fusée éclairante. Là-bas, près d’un tronc d’arbre, un amoncellement de corps. Ils ne bougent pas. Combien sont-ils ? Je vais pour m’approcher.
Encore une explosion formidable. Une flamme rouge me frappe les yeux. Un nouvel obus vient d’éclater. Je suis secoué jusqu’aux entrailles. La fumée prend à la gorge. Une pluie d’éclats et de terre tombe autour de moi. De la nuit sortent des cris, des râles ; et Dubuc et Rouzeaud qui étaient devant moi !
Je rentre dans la cagna, hébété. Dubuc paraît. Il s’écroule sur la couchette, la mine décomposée.
« Mon capitaine, il y a de nouvelles victimes »

Au poste de secours, on ne trouve que trois brancards. Des fainéants de musiciens, accroupis auprès, refusent d’aller chercher les blessés, sous prétexte qu’ils sont brancardiers divisionnaires et ne sont là que pour porter les blessés à Tavannes.
Le poste de secours est fait pour six à huit blessés au plus. Et il en arrive de toutes parts, les miens d’abord, ceux des premières lignes ensuite. C’est une vraie boucherie, pleine de sang et de râles. Sur la peau blanche, des filets de sang vermeil ; des faces décomposées, verdies ; des lambeaux de linge, où restent des lambeaux de chair; une odeur écœurante. Dans le fond, près d’une bougie, l’aide-major avec l’aumônier, les mains dégoutantes de sang, ne s’arrêtent pas de panser.
Et tout autour, dans les ténèbres, s’écrasent les obus, sans un instant de répit, achevant les blessés qui n’ont pu trouver place à l’intérieur.

Si la moitié de la compagnie est par terre, tant pis; il faut que la corvée parte.
Mais à une seconde instance écrite – de ma part, il est allé voir le charnier et a fait répondre: « Ça va bien! »
Neuf à dix tués, douze blessés graves, dix à douze blessés légers ou commotionnés. Toute la nuit, les boches battent le ravin de leurs obus. »

Amouroux Auguste Paul dit Lucain
Né à Goudargues le 30-10-1890. Sergent du 55e Régiment d’Infanterie.
Mort pour la France à 28 ans. Tué au combat le 14-10-1918 au environ de la ferme Retheuil (Aisne).
Frère de Louis ?
Figure 142-3. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

 

Rapport du 55e RI du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-4. Rapport du 55e RI page 1 .
Figure 142-5. Rapport du 55e RI page 2.

Antelme René (Eugène, Félix)

Né à St André d’Olérargues le 17-12-1896 (Fils de Eugène Hubert Antelme – Instituteur- et Félicie Anne Malélis)
Soldat de 1ére Classe du 169e Régiment d’infanterie.
Mort pour la France à 20 ans le 24-07-1916 à Duguy dans la Meuse suite à des blessures de guerre.

Figure 142-6. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-7. Page 1.
Rapport du 169e RI du jour et du lieu du décès; téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-8. Page 2.
Rapport du 169e RI du jour et du lieu du décès; téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-9. Page 3.
Rapport du 169e RI du jour et du lieu du décès; téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Bayle Clément

Né le 22-05-1879 (Fils de Bayle Félicien – dit Félix – et Marie Louise Lagier)
Soldat de 2°Classe au 322° Régiment d’infanterie, 18° Compagnie du recrutement de Pont St Esprit.
Marié à Marie Robert. Mort pour la France à 36 ans le 10- 10-1915 à Tahure dans la Marne.
Décédé suite aux blessures occasionnées par un obus.

Figure 142-10. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-11. Lieu d’inhumation, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Rapport du 322e RI du jour et du lieu du décès; téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

Figure 142-12. Page 1.

Bayle Ernest

Né le 10-03-1886 (Fils de Bayle Félicien et Marie Louise Lagier)
Caporal au 414e Régiment d’Infanterie. Mort pour la France le 03-09-1917 à l’âge de 31 ans au Moulin de Laffaux (Aisne). Tué au combat.

Figure 142-13. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-14. Lieu d’inhumation, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-16. Page 1.
Rapport du 414e RI du jour et du lieu du décès téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1
Figure 142-16. Page 2.
Bayle Auguste Valentin, dit Gustave

Né le 14-02-1881. (Fils de Bayle Félicien et Marie Louise Lagier)
Soldat au 55e Régiment d’Infanterie. Mort à l’âge de 33 ans le 31-10-14 à Beaucaire dans le Gard de maladie non contractée en service. Etait incorporé dans le même régiment que Amouroux Lucain

Figure 142-17. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1..
Bayle Louis(Constantin)

Né le 12-03-1893, célibataire. (Fils de Batéléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.yle Félicien et Marie Louise Lagier) Soldat au 42e RI.
Disparu le 15- 06-1915 à 22 ans à Quennevières (Oise)

Figure 142-18. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

Quennevières Juin 1915. Témoignage :
« Au commencement de juin, notre Etat-major décida d’enlever le saillant de Quennevières, situé sur un plateau entre l’Oise et l’Aisne et entouré de tranchées allemandes. Plusieurs fermes, protégées par d’épais massifs de verdure, s’élevaient là.
Celles de Touvent et des Loges étaient occupées par l’ennemi; nous tenions celles d’Ecafaut et de Quennevières. Cette dernière se trouvait très menacée par un fortin que les Allemands avaient bâti sur le saillant.
Durant vingt-quatre heures, notre artillerie fit pleuvoir les gros projectiles et les torpilles aériennes sur les positions de l’ennemi. Puis nos sapeurs du génie firent exploser un fourneau de mine sous le fortin, tandis que l’infanterie s’élançait à l’assaut.
Les soldats du 86e régiment d’infanterie prussien, qui défendaient la position, résistèrent âprement. Mais, avec l’aide des canons de 75, nos fantassins dépassèrent la première ligne ennemie, puis la seconde, et parvinrent jusqu’au ravin de Touvent.
Une contre-attaque allemande dut reculer devant les feux croisés de nos mitrailleuses.

L’ennemi se vit définitivement contraint de nous abandonner la position, que jonchaient plus de 3000 cadavres des siens » 

Rapport du 42e RI du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-19. Pages 1 et 2.
Figure 142-20. Pages 3 et 4
Figure 142-21. Pages 5 et 6
Fontanille Charles (Théodore)

Né le 26-03-1894. Célibataire (Fils de Charles Fontanille et Béatrix Sabatier). Mort pour la France à 30 ans le 17- 09-1914, un mois et demi après la mobilisation générale !
Soldat au 55e régiment d’artillerie, recrutement de Pont ST Esprit.
Décédé à la Vaux Marie commune de Rembercourt, tué au combat.
Habitait le village, maison actuellement de M. Marty, rue de la Lisette.

Figure 142-22. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

Témoignage : «La bataille de la Vau-Marie nous avait coûté fort cher. Au soir du 10 septembre, le lieutenant Itier, commandant provisoire, rassembla les survivants au signal Belrain. Le bataillon avait perdu plus de la moitié de ses effectifs, les valides n’étant plus que 650 hommes et 4 officiers sur les 1.400 hommes du bataillon.»

Rapport du 55e RA du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-29. Page 1.
Lauron Joseph Ferdinand

Né le 20-09-1891 Célibataire. (Fils de Ferdinand Lauron et Elisa Soullier). Mort pour la France le 27- 08-1914 à 23 ans, moins d’un mois après la mobilisation générale !
Soldat au 99e RI du recrutement de Pont St Esprit.
Disparu le 27 aout 1914 au cours de la bataille de Saint Dié.
Retrouvé plus d’un an après sur le territoire de St Dié le 13-11-1915.

Figure 142-24. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Saint Dié (Vosges)
Le 27 août 1914 à 17 heures, les troupes allemandes de la 3ème division de réserve du général von Knoerzer envahissent la ville de Saint-Dié dans les Vosges.
Rapport du 99e RI du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-25. Pages 1 et 2
Lauron Victorin Justin

Né le 27-08-1893, (Fils de Victorin Lauron et Louise Malosse). Mort pour la France à 24 ans le 16- 10-1917. Soldat de la 5e compagnie matricule 14188.
Décédé à la côte 304 (bataille de Verdun) près de Esnes (Meuse)
Des Lauron habitaient au village, maison actuellement Roure, dernière maison en pierre à droite en descendant la Rue de la forge. Ont été propriétaires du château. Ascendants de Marthe et Jules Lauron de Tresques et des Dumas de St André d’Olérargues.

Figure 142-26. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
La côte 304
«Les résultats tactiques de la bataille du 20 août, dus à l’habilité de notre commandement et à la valeur de nos troupes Françaises, étaient considérable : le dégagement de Verdun achevé, nos premières lignes portées à 11 kilomètres au nord de la Place, la conquête d’observation obtenue sur la rive gauche, plaçant désormais l’ennemi en situation défavorable pour toute action nouvelle dans cette région.»
Maurin Louis (Marius, Léon)

Né le 18-12-1893, (Fils de Jacques Marius Maurin et Joséphine Marie Gilbert) Mort pour la France le 11-08-1914, 11 jours après la mobilisation générale !
Disparue à LAGARDE (Lorraine) par un fait de guerre.
Soldat au 58eme régiment d’Infanterie

Témoignage :
« La section de mitrailleuses du 58ème ne quitte pas sa position de combat, elle tire sur tout ce qui passe à sa portée [et certainement sur les Uhlans qui ont cru, à tort, qu’elle était positionnée dans le clocher du village], ses servants tombent l’un après l’autre. Le lieutenant Cenet, chef de section sert à son tour la pièce, aidé par un caporal blessé jusqu’à ce qu’il tombe, lui aussi, mortellement atteint par un obus qui balaye la pièce. Aucune relation française n’évoque cette mitrailleuse soit disant postée dans le clocher. Ainsi, vers 11 heures 30 se termine l’attaque de l’ouest du village.

Le 3ème bataillon du 58ème RI a cessé d’exister le 11 Aout 1914. »

Bilan de la journée :

Figure 142-27.
Rapport du 58e RI du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-28 et 29. Pages 1 et 2
Ponsonnet Louis (Adrien)

Né le 14-03-1893 (Fils de Joachin Célestin Ponsonnet et Victoire Sabatier) Mort pour la France à 22 ans le 06- 04-1915.
Soldat de 2°classe, 42° Régiment Colonial
Décédé sur la Butte de Vauquois (Meuse) par suite de blessures reçues sur le champ de bataille.

Figure 142-30. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-31. Lieu de l’inhumation, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1
Témoignage :

« Le 1er mars, le 31e régiment d’infanterie encadré par le 89e à l’ouest et le 46e à l’Est s’établit dans Vauquois et réussit à tenir malgré les contre-attaques répétées des troupes allemandes. La ligne de front va se figer alors au sommet de la butte, de part et d’autre des ruines du village : les troupes françaises au sud, les troupes allemandes au nord. Les deux parties vont alors s’enterrer, creusant tranchées et abris ainsi que des galeries à travers la butte. C’est le début de la guerre des mines, ponctuée de combats sans effet. »

Rapport du 42e RC du jour et du lieu du décès
Figure 142-32-33-34. Pages 1 à 6.
Puget (Octave Benjamin)

Né le 25-07-1897 (Fils de Aimé Puget et de Marie Eulalie Mazan). Mort pour la France le 09.12.1917 à 20 ans.
Soldat de 2e classe au 206e RI, 6e Bataillon, 23e compagnie. Décoré de la Croix de Guerre.
Décédé dans le bois de Neuville au nord de Verdun (Meuse) tué à l’ennemie à 4 h 45 du soir.
Inhumé au cimetière de Marçeau près de Verdun (Meuse)

Figure 142-35. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

Habitait aux Près de Malons, Grand oncle d’Aimé Puget, frère du Maire de l’époque Benjamin Puget (1919-1929): mandat durant lequel a été construit le monument aux morts, par souscription publique (1 000 Frs: voir délib de mai 1921).
Le père d’Aimé Puget a aussi été maire, Puget Gabriel, de 1945-1965.

Rapport du 206e RI du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1
Figure 142-36. Page 1
Figure 142-37. Page 2.
Roussière Auguste (Benjamin)

Né le 31-10-1889 célibataire (Fils de Albert Roussière et Elisa Chabrier) Mort pour la France à 25 ans le 26- 08-1914. 26 jours après la mobilisation générale !
Chasseur alpin de 2° classe du 6e bataillon.
Décédé à Lamath en Meurthe et Moselle à 10 h du matin sur le champ de bataille.
Habitait au village dans la maison face au monument aux morts.

Figure 142-38. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Témoignage :
« Le 26 aout, à l’aube, les deux Armées reprennent l’offensive. La 70e division de réserve atteint Réméréville et Courbesseaux. Le 20e Corps d’Armée s’empare de Maixe, Deuxville, Frescati, dominant par le nord Lunéville. Le 15e Corps d’Armée prend Damelevières et Mont. A sa droite, le 6e bataillon de chasseurs alpins s’empare de Lamath. Le 16e Corps d’Armée occupe Remenoville, Moriviller et progresse dans les bois qui le séparent de la Mortagne. Sur tout le front de la 2e Armée c’est la victoire. L’ennemi laisse entre nos mains des prisonniers et des canons.
Mais, sur la rive droite de la Mortagne, la 1e Armée ne peut dépasser Roville-aux Chênes, Doncières. Il faut marquer un temps d’arrêt. D’ailleurs, les troupes sont épuisées. Elles ont, pendant deux jours, lutté sans arrêt jusqu’aux dernières réserves, brisant l’élan d’un ennemi qui se croyait victorieux.
Les pertes en hommes et en cadres, les fatigues accumulées depuis six jours de bataille empêchent d’infliger à l’ennemi un complet désastre. »
Rapport du 6e Bataillon de Chasseurs du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
Figure 142-39. Page 1.
Figure 142-40. Page 2.
Figure 142-41. Page 3.
Sabatier Ulysse Théophile

Né le 07-06-1886 (Fils de Ulysse Sabatier et Valérie Lauron). Mort pour la France à 30 ans le 20- 06-1915.
Décédé au bois de la Grurie par suite des blessures recues au champ de bataille. Soldat de 2° classe à la compagnie des mitrailleurs du 255° régiment d’infanterie N° de Matricule 02733.
Habitait au Mas de Sellier, oncle de Jean Pierre Maurin.

Sabatier
Figure 142-42. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1..

Témoignage :
Les combats au Bois de la Gruerie en Argonne
De septembre 1914 à janvier 1915, le 72ème RI tient dans la forêt d’Argonne les positions du Bois de la Gruerie que l’armée du Kronprinz impérial attaque sans trêve. En face de lui, des troupes aguerries, pourvues de moyens matériels puissants; de notre côté, peu ou pas d’engins de tranchées, peu de mitrailleuses, une artillerie obligée à l’économie de munitions; comme théâtre de combat, une forêt accidentée, touffue, dont le sol argileux se détrempe à la moindre pluie. C’est dans ces conditions que le 72ème RI fait l’apprentissage de la guerre de tranchées, car, pour se défendre, il faut organiser et manier l’outil autant que les armes. C’est une lutte incessante de mines, de grenades, de crapouillots, lutte acharnée, harassante mais néanmoins glorieuse. Il faut cependant en retenir que malgré des efforts incessants pour atteindre la route de Vienne Le Château et le Four de Paris, les forces allemandes ne passeront pas.

Soullier Jean(Baptiste)

Né le 16-12-1894 (Fils de Jean Baptiste Soullier et Rose Herminie Joséphine Lauron). Mort pour la France le 20-08-1916 à l’âge 22 ans au Cabaret rouge (Meuse) Soldat de 2e Classe du 346e Régiment d’Infanterie. Habitait au Village, Maison anciennement Vicente, face au monument aux morts. Avait 1 fille qui a épousé un Granet de Tresques.
Habitait au Village, Maison anciennement Vicente, face au monument aux morts. Avait 1 fille qui a épousé un Granet de Tresques.

Soullier
Figure 142-43. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

 

Rapport du 346e RI du jour et du lieu du décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.
soullier
Figure 142-44. Numérisation de l’Auteur. Collection personnelle.

 

Vedel Auguste.

Nè le 30-11-1878 à Verfeuil. (Fils de …)
Mort le 20-09-1918 à l’hôpital militaire de Barèges (Hautes Pyrénées) d’une grippe infectieuse (tuberculose ?) à l’âge de 40 ans.
Cannonnier du 117e Régiment d’Artillerie de Lourdes.
Habitait à Fontarèche.

Vedel
Figure 142-45. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

 

Vignal Toussaint (Auguste)

Né le 01-11-1880 à Verfeuil (Fils de Siffrin Vignal et Rose Bagnol)
Entré à l’hôpital temporaire N°11 de Lyon le 01–10-1914 y est décédé le 04-10-1914 à 34 ans par suite de plaies à la cuisse et au dos et de chocs traumatiques sur le champ de bataille.
Habitant du Mas de Sellier, maison actuelle de Dewincklear.
La grand-mère de Gérard Mégier de St Marcel était la sœur de Toussaint Vignal.

Vignal
Figure 142-46. Acte de décès, téléchargé du site des armées http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1.

 

Je voudrais aussi rendre ici hommage à mon père, qui né en 1897 s’est retrouvé à 18 ans dans les tranchées de Verdun et qui, malgré ses citations et ses décorations gagnées au front a été rappelé en 1939 pour recommencer ! Il y a eu de tout temps des générations que la vie n’a pas épargnées.

Comme je l’ai dit, ce dernier siècle est trop près de nous pour que je m’y étende longuement. Il y a peu de choses à dire que l’on ignore. J’en parlerai un peu dans le chapitre V, notamment à propos des guerres et de ses conséquences sur l’agriculture.

21 ème siècle – Perspective de développement pour les 25 ans à venir.

Le diagnostic de la commune de Saint André d’Olérargues fait apparaître une situation démographique en progression et mutation rapide qui rend nécessaire l’organisation du développement de l’urbanisation afin d’éviter à très court terme le dysfonctionnement des équipements publics, la désorganisation des terroirs agricoles et le blocage du foncier, malgré un potentiel de population cherchant à s’installer.

La population

La population est en augmentation constante depuis 1975 suivant un taux annuel moyen de 3,1%. Ce rythme relativement régulier a connu toutefois une forte baisse durant la période de 1990 à 1999 avec une progression annuelle de 0,8 %. Avec un solde naturel à peu près constant depuis 1982, le solde migratoire participe fortement à la croissance démographique. En 2008, largement plus de la moitié des habitants de la commune n’en sont pas originaires et un tiers n’y résidait pas en 2003. L’apport de population est principalement constitué par de jeunes adultes avec des enfants en bas âge, mais aussi d’une population dans la tranche d’âge entre 45 et 59 ans. La taille des ménages confirme cette répartition puisque 77 % de ceux-ci sont constitués de deux à quatre personnes avec un taux moyen d’occupation des logements de 2,4 en 2009, comparable à la moyenne nationale.

Le parc immobilier

Depuis 20 ans, le parc de résidences principales a augmenté de 84 % suivant un rythme soutenu mais irrégulier de la construction. Suivant une moyenne de 5 logements neufs par an depuis 2001, l’ensemble du parc immobilier est récent, supérieur en proportion à la moyenne départementale. Ce rythme est épaulé par la résidence secondaire en augmentation constante de 30 % dans la même période et représente un quart du parc des logements en 2009. La résidence principale s’est accrue uniquement sous forme de maisons individuelles qui constituent 92 % du parc occupé à 84 % par leur propriétaire. Durant les années 90, le parc locatif présente une augmentation importante (+ 50%), passant de 10 logements en 1999, à 22 en 2009.

L’activité économique

43 % de la population est active en 2009 avec une part de contrats à temps partiel représentant plus de la moitié des emplois féminins et un taux de chômage de 5 % nettement inférieur à la moyenne nationale. La part des actifs travaillant hors de la commune est en augmentation constante pour représenter 79 % en 2009 avec 78 % de salariés. L’activité agricole représente une part qui s’est amenuisée ces dix dernières années de l’économie de la commune. Elle occupe 10 % des actifs en 2010. L’activité économique de Saint André d’Olérargues repose sur :

 

  • l’activité agricole avec 16 exploitations tournées pour la plupart sur l’exploitation du vignoble en A.O.C. et des vergers.
  • une activité touristique de bon niveau avec plus de 10 gîtes ou meublés, qui constituent des revenus complémentaires à ceux de l’agriculture,
  • de petites structures artisanales et de commerce de restauration, limitées compte tenu de la proximité du bourg commercial de Goudargues ou de la ville de Bagnols sur Cèze.

Bien que le territoire de la commune soit situé entre deux grands axes routiers, pour autant sa situation dans un massif de collines ne présente pas de réelle possibilité d’implantation d’activités consommatrices d’espace, dont les localisations sont à programmer à l’échelle de la communauté d’agglomération de communes.

Les équipements

Le réseau viaire communal est important pour organiser le développement villageois, mais reste tributaire du réseau départemental. Le maillage des réseaux d’eau et d’électricité peut s’adapter à l’extension en continuité du village et des principaux hameaux, nécessitant des extensions. Toutefois la ressource en eau reste limitée. Le village est desservi par un réseau récent d’eau usée qui est raccordé à une station d’épuration dont la capacité et la technologie de la filière permettent d’envisager un développement cohérent des constructions à partir du village. Le hameau du Mas de Sellier quant à lui devra être équipé d’un réseau et d’une station de traitement compte tenu de la nature défavorable des sols qui se retrouve dans plusieurs hameaux de la commune, impliquant dans ces quartiers des filières particulières. L’évolution de la démographie a permis le maintien de l’école, équipement attractif avec sa restauration scolaire au centre du village. La récente réalisation d’une salle socioculturelle associée à un « restaurant » complète le panel d’équipements en rapport avec la population.

Les premières orientations issues du constat.

La situation géographique de la commune de Saint André d’Olérargues, à cheval entre les unités touristiques de l’Uzège et de la vallée de la Cèze, reliée au bassin d’activités de Bagnols sur Cèze et du Gard rhodanien est déterminante pour prévoir son développement. La commune présente des potentialités économiques pérennes à travers l’activité agricole, mais aussi en tant que commune d’accueil d’un tourisme rural.

La qualité des paysages et l’organisation de son territoire constituent des atouts indéniables que la commune se doit de préserver. Il s’agit notamment d’utiliser au mieux les investissements réalisés ou programmés rendus obligatoires pour la préservation de l’environnement et la réponse aux attentes des habitants.

La protection des terres agricoles, quand bien même l’agriculture apparaît en déprise et en mutation est une composante à prendre en compte afin de préserver de manière raisonnée un potentiel de production mais aussi un entretien des paysages et une organisation du territoire. Il est impératif de prendre en compte la mutation de population enregistrée dans la commune afin d’assurer l’équilibre d’ensemble par le maintien de l’agriculture et l’arrêt de la forte dissémination des constructions récentes. La commune de Saint André d’Olérargues est devenue le lieu de résidences pour des salariés dont les emplois se situent dans les bassins de Bagnols sur Cèze et de la vallée du Rhône. L’évolution d’une population de type agricole et rurale vers un standard résidentiel, de modèle urbain est en fait achevée depuis 1999.

LES CHOIX RETENUS

La prise en compte des atouts du paysage et des contraintes géographiques, des tendances socioéconomiques enregistrées conduisent, dans l’objectif de préservation et de mise en valeur du territoire, à prendre en compte son organisation actuelle. Les pôles d’habitat se répartissent, à partir du village en position dominante, en hameaux dispersés centrés sur des terroirs agricoles, mais aussi en poches d’urbanisation récente. Les dispositions de la carte communale visent à permettre une augmentation raisonnée du nombre d’habitants suivant les capacités des équipements tout en favorisant une réelle vie permanente dans le village. Les objectifs de la Carte Communale, prescrit par délibération en date du 7 mai 2004 consistent à doter la commune d’un outil d’aménagement durable pour corriger les disfonctionnements constatés, permettre un développement économique assurant la progression démographique mesurée et assurer la protection du patrimoine naturel et bâti.

Mesures de mise en valeur des espaces bâtis

Le village de Saint André d’Olérargues possède par son implantation une convergence visuelle qui depuis le sud et l’est caractérise son site. Les fronts bâtis du village, perceptibles depuis ces orientations constituent une indéniable qualité paysagère qui ne peut être préservée qu’en prenant en compte simultanément toutes les composantes de son organisation (implantation, rues, places, édifices, …). Le développement actuel du village s’est effectué sur le versant ouest du relief ou le centre ancien a été implanté. Une dissémination des constructions apparaît le long de route départementale n° 23 au sud et au nord du centre ancien. Cette tendance allonge inconsidérément le village et tend à rejoindre le quartier nouveau de La Cadinière.

Le zonage de la carte communale a repris cette composante donnée par l’urbanisation antérieure en orientant le développement des constructions à l’ouest du centre ancien, bien desservi, et à l’est, en contre bas du village pour en préserver la perception et renforcer son épaisseur de part et d’autre de la route départementale n°23. En outre le zonage crée une coupure d’urbanisation entre le quartier de La Cadinière et les extensions récentes du village et afin de maintenir la lisibilité de ce dernier.

Les extensions prévues à partir des hameaux du Mas de Sellier et du Mas de Christol qui possèdent chacun un bâti de grande qualité architecturale caractérisée notamment par les fronts bâtis confrontant les espaces de culture, préservent de par leur implantation l’authenticité de chacun de ces hameaux. Les dispositions prises dans la délimitation des zones constructibles visent à préserver ces paysages perçus aujourd’hui comme bien collectif. Il s’agit de développer les extensions bâties de manière maîtrisée mais aussi coordonnée avec la capacité des équipements.

Ainsi la zone constructible du hameau du Mas de Sellier est définie par le périmètre des terrains déjà bâtis au sud-est et au nord, permettant de garder au hameau d’origine ses caractéristiques d’organisation et sa perception depuis l’accès principal ; celle du hameau du Mas de Christol reprend les mêmes dispositions pour individualiser la partie ancienne ; pour l’extension déjà urbanisée depuis l’accès principal au nord, la délimitation a recherché à réaliser un secteur homogène privilégiant les terrains demeurés non construits entre le bâti existant ou les complétant pour former un futur ensemble autour du croisement des voies communales.

Dans les quartiers nouveaux de La Cadinière et de La Bégude – Le Mas de Blanquet, le zonage des terrains constructibles visent à se maintenir dans l’enveloppe urbanisée ou aux marges immédiates pour offrir à terme des quartiers homogènes et plus denses, dans la limite des surfaces nécessaires à l’assainissement autonome.

L’IMPACT DU PROJET SUR L’ÉVOLUTION DE LA CONSOMMATION DE L’ESPACE

Les zones constructibles

La carte communale de la commune Saint André d’Olérargues tient compte des prévisions d’évolution démographique et du besoin en logements à l’horizon 2023 en fonction du constat sur les évolutions récentes faisant apparaître une tendance à une forte croissance démographique depuis 2000.

La perspective d’évolution se situe suivant une progression démographique annuelle de 3,8%, afin de maintenir l’âge moyen de la population existante en tenant compte des phénomènes de vieillissement et de décohabitation. La commune entend proposer une offre adaptée en logements et donc gérer les impacts d’une croissance sur les capacités des réseaux et équipements et l’équilibre financier de son budget. Les superficies prévues sont destinées suivant les secteurs à offrir sur le marché du foncier une diversité de terrains permettant l’évolution du village, des hameaux du Mas de Sellier et du Mas de Christol et des quartiers récents de La Cabane, Combaud, La Cadinière et Mas de Blanquet – La Bégude.

Les écarts et mas isolés

Hormis ces quartiers nouveaux, la périphérie du village, des hameaux du Mas de Sellier et du Mas de Christol, la carte communale inscrit les écarts et l’ensemble des mas isolés en secteur totalement inconstructible. Ceux-ci pourront donc n’évoluer que de manière très limitée pour répondre aux besoins de leurs habitants. La jurisprudence constante admet une augmentation de l’ordre de 30 % de la surface de plancher existante dans la limite maximale de 200 m2 au total. Cette surface autorisée comprend la superficie des locaux qui changent d’affectation si un habitat attenant existe déjà. Toutefois, les bâtiments situés en zone inondable ne pourront pas évoluer sauf à prévoir des dispositifs de mise en sécurité des biens et personnes comme les surélévations suivant les prescriptions du Plan de Prévention du Risque Inondation «Cèze aval»

En dehors des zones constructibles, aucune ruine, au sens de code de l’urbanisme, pouvant être restaurée n’a été recensée sur le territoire communal.

La consommation de l’espace agricole

L’implantation traditionnelle des hameaux par rapport à leur terroir cultivé implique que leur extension bâtie s’opère sur des terres agricoles. Ce sont les plus difficiles à cultiver de manière mécanisée ou les terrains de moindre valeur qui ont été affectées à l’urbanisation. Cette configuration se remarque en périphérie du village et des hameaux du Mas de Sellier et du Mas de Christol. Le quartier de la Cadinière est issu aussi à l’origine d’une implantation sur des terrains ingrats et boisés. Le quartier de Mas de Blanquet – La Bégude au sein de terres agricoles relève d’une autre logique.

Les surfaces ouvertes à la construction dans la Carte Communale sont donc situées pour 61 % d’entre eux sur des terres agricoles soit 9,3 hectares environ. Toutefois, bon nombre n’est actuellement plus cultivé. Parmi ceux-ci plusieurs parcelles sont classées dans l’Appellation d’Origine Contrôlée « Côtes du Rhône »; certaines comportent déjà des habitations en front sud du village et dans le quartier de La Cabane. La surface classée en A.O.C. déjà bâtie représente 2,16 hectares. Les objectifs de la Carte Communale visant à englober les terrains non bâtis au sein des quartiers et à prévoir des extensions en périphérie de ceux-ci conduisent à rendre constructible des terrains classés en A.O.C. pour une surface de 1,06 hectare. Le tableau ci-après résume les surfaces consommées.

21° siecle
Figure 142-63.

 

Bilan global

Hors phénomène de rétention foncière, la commune dispose d’environ 110 logements potentiels sous réserve de la création d’un réseau d’assainissement et d’une station d’épuration dans le quartier du Mas de Sellier. Les logements vacants ne sont pas comptabilisés dans cette prévision, laissant la marge réelle de cinq à six logements, la résidence secondaire est évaluée à 20 % des futurs logements au regard de la courbe décroissante enregistrée depuis 30 ans.

Les surfaces des zones constructibles permettent d’accueillir à terme environ 265 nouveaux habitants sur la base de 2,4 habitants par logement suivant la moyenne constatée sur la commune. Cette prévision nécessite une montée en puissance de la capacité financière de la collectivité et des équipements permettant d’envisager une strate de 600 habitants permanents d’ici à 10 ans ; en mars 2010, la population recensée représentait 408 habitants. La totalité des zones constructibles est quantifiée à 47 hectares pour 928 hectares classés inconstructibles, ainsi la carte communale prévoit, à échéance de ses prévisions, l’urbanisation de 4,8 % de la superficie communale.

Tableau récapitulatif des superficies

21° siecle
Figure 142-66.

 

 

Comment parle-t-on au XXI° Siècle.

Petit florilège des commentaires des élèves de Première qui ont planché, lors de la session du baccalauréat 2014, sur l’épreuve de français. Sujet: le poème Crépuscule de Victor Hugo

« N’empeche Victor Hugo y’est dans le cosmos il fait parler un brin d’herbe et une tombe qui disent aux être humains de s’aimer »
« vous aussi vous avez relevé la personnification de l’herbe?? mdrrrr il était défoncé ce Victor Hugo quand il a écrit le poêle #bacfrancais »
« #bacfrancais la première fois que j’ai lu le poème de Victor Hugo je me suis DÉ-COM-PO-SER »
« J’ai du lire le poème de Victor Hugo 40 fois avant de le comprendre et encore je sais même pas si je l’ai vraiment compris #bacfrancais »
« Victor Hugo si j’te croise dans la rue t’es mort #Segpa”
« J’aimerai tellement pas être à la place de Victor Hugo là maintenant tout d’suite! »
« Je hais ma vie là. Putain. Victor Hugo quoi. Connard de Victor Hugo. »
« Nike ta mère Victor Hugo et Nike la mère à tes de potes aussi pd »
« Pourquoi tu tapes la discut entre une tombe et un brin d’herbe sale FDPPP victor hugo de tarace #bacfrancais »
« Le texte de Victor Hugo il était sale chaud , c’st vraiment un fils de pute celui la »
« J’avoue Victor Hugo il est pas tout seul dans sa tête. Genre le mec il compare l’amour a un tombeau »
« Victor Hugo enfoiré avec ton brun d’herbe ! Au lieu de nous le donner en sujet t’aurais pu le fumer merde

 

IV.III -CONCLUSION.
Les faits qui ont été esquissés, aussi brièvement, qu’il a été possible, ont montré comment au milieu de quelles tempêtes s’est effectué le naufrage de l’antique civilisation romaine, dans quel abîme de désolation furent plongés les habitants de ces malheureux pays pendant des siècles. Leur était-il possible, au milieu de tant de barbarie, de songer à bâtir les magnifiques monuments que certains auteurs ont voulu leur attribuer ? Je ne le pense pas. Leurs sentiments artistiques n’ont pu se développer que dans une atmosphère propice à leur éclosion ; c’est seulement lorsqu’ils ne furent plus traqués comme des animaux, c’est seulement lorsqu’ils se sentirent assurés d’une longue tranquillité, qu’ils se mirent à l’œuvre.

A peine avaient-ils, avec une activité des plus fécondes, couvert le sol de leurs beaux édificesromans, qu’ils eurent à combattre toujours de nouveaux ennemis. La guerre des Albigeois clôt à peu près la dernière période des temps romans, sans cependant que la cessation des hostilités ait été le signal de départ d’un art nouveau : les anciennes traditions romanes subsistèrent en effet pendant de longues années encore.

Nous pouvons nous émerveiller de la survivance des édifices et des aménagements les plus anciens, venus jusqu’à nous, à travers tant de calamités, de ruines, de démolitions et de restaurations !